mercredi 12 novembre 2014

Et l'art se démantèle

Plus je travaille sur mes œuvres littéraires, plus je connais mes petites astuces, les petits détails qui rendent le texte un peu plus beau, bien que parfois moins sincère. Je vois aussi à quel point il est impossible de produire du beau tout le temps et dans toute œuvre, et je finis même par douter des grands auteurs eux-mêmes. Je me dis que même eux sont humains, que même eux usent d'artifices, mais pas d'art réel. Je les lis et je le vois, cela me saute parfois aux yeux. Et l'art se démantèle sous mon regard désespéré.

À force de penser et de me poser des questions, j'en finis non seulement par désarticuler l'art, mais aussi la société, la vie, le monde, la pensée. Parfois, plus rien n'a de sens et plus rien n'existe pour moi.

Lorsque mes deux plus grands intérêts - la littérature, par l'écriture, et le monde, par la physique - s'effritent face à la pensée, il ne reste que la Diane, l'action, qui crie depuis le fond de mon esprit que je ne peux pas m'abandonner à un nihilisme intégral, et qu'il serait tentant d'accepter de détruire l'univers, dans une position presque démiurgique. Ce serait trop simple, et quoi qu'il en soit, j'y vis.

Mais la tendance à l'action, que je nomme Diane, est finalement seulement une émotion. Je ne comprends pas les émotions. J'en ai peur. Je les redoute, et pire encore, je m'en méfie. Plus d'émotion, plus de pensée même, parfois tout perd sa substance. Il n'y a qu'un moyen de sortir de l'inanité : agir.

Agir puis vivre. Vivre, ressentir, apprendre, penser, chercher, comprendre, changer, agir, modifier, vivre. Créer, partager. Aimer.

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