lundi 28 avril 2014

Je suis raisonnable

Oui, je suis raisonnable. Et j'aimerais bien l'être tout le temps. Mais ce n'est pas parce que je le suis, ou que je le suis tout le temps (même si ce n'est pas le cas), que je suis un robot. Ça non. Je m'explique.

Un robot, c'est un être sans émotions, un être qui respecte des lois en toutes circonstances parce qu'il ne peut pas y déroger. Il obéit donc entièrement à ce que l'on pourrait appeler la Raison.

Mais, d'une part, ce n'est pas parce qu'on est raisonnable, c'est à dire que l'on dirige sa vie par la raison, que l'on n'a pas d'émotions. Ce serait absurde. J'aime, aussi.

Ensuite, un robot ne peut pas ne pas obéir à une loi. Pour ma part, ce choix d'y obéir, toujours y obéir, est un choix. Un peu difficile à tenir parfois. Mais un choix.

De plus, vivre selon sa raison, c'est à dire être raisonnable, ça n'est pas vivre entièrement sous le "diktat" de la raison, ni même ne vivre que selon sa raison.

Enfin, et c'est là mon principal argument, être raisonnable, c'est même tout le contraire de vivre sans émotions. En fait, être raisonnable, c'est uniquement utiliser sa raison pour pouvoir ressentir le plus d'émotions qu'il est possible et réaliser autant de désir qu'il n'est pas dangereux de réaliser. Les désirs, c'est tout ce que l'on veut pour se conserver dans son être, en somme, pour survivre et se reproduire. Mais il reste que certains désirs, que Spinoza appellerait des passions, sont en fait mauvais pour soi-même. Et les autres, parfois.
Mettons un(e) adolescent(e). Il/elle va désirer de se reproduire. C'est normal. Mais si il/elle le fait sans utiliser la raison, c'est à dire, sans réfléchir et/ou en restant dans l'ignorance, il/elle ne mettra pas de préservatif (ou ne fera pas mettre de préservatif), donc risquera de mettre enceinte sa partenaire, d'être soi-même enceinte alors que le bébé ne peut pas être pris en charge, voire même d'attraper ou de donner une maladie ou infection sexuellement transmissible. Et de mourir. D'où l'usage de la raison pour pouvoir réaliser tous ses désirs sans danger ; car le danger de la passion a été éliminé.

Donc être raisonnable, ce n'est pas étouffer ses émotions, ce n'est pas réprimer ses émotions, c'est au contraire les amplifier et les exalter en en supprimant le danger, et tous les côtés négatifs.
Plus encore, c'est là le sens de la philosophie. Du grec philo, j'aime, et sophia, la sagesse. J'aime la sagesse, donc. La philosophie, c'est donc se tenir dans la sagesse en aimant ; se tenir dans l'amour en étant sage. Et nous sommes tous philosophes. En somme.

2 commentaires:

  1. Et quand on aime le risque (et donc, en un sens, le danger) ? Et quand on ne veut pas être sage ? C'est forcément mauvais ?

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    1. J'ai entendu (dans un documentaire d'arte, donc c'est du sérieux) qu'aimer le risque est un élément structurel du cerveau des adolescents. ^^
      Quand on ne veut pas être sage, je crois qu'on en a déjà parlé. J'ai pas dit que c'était mauvais. C'est rejeter la raison qui l'est. Dans le sens où tu prends tellement de risques que tu réduis considérablement ta durée de vie. Mais ça peut être un choix. Juste que c'est pas respectueux vis-à-vis de toi-même. Je trouve.

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