Religion, Sacré et Institution

Récemment, j'ai eu une dissertation sur la Religion (en fait, je n'ai pas encore fini de l'écrire, mais passons). Et en fait, j'ai eu une révélation (pas au sens religieux, entendons-nous bien), disons que j'ai compris beaucoup de choses. Mais replaçons les choses dans leur contexte.

Je suis héritier d'une longue famille d'agnostiques, et d'anticléricaux. C'est l'ambiance familiale depuis un certain temps. Et en bref, je n'étais pas encore assez critique face à cet "héritage".

La dissertation m'a forcé à définir la Religion. Voici ma définition : Un système de principes choisis à appliquer qui permettent une relation absolument respectueuse au Sacré. Le Sacré désignant, ici, toute chose étant l'objet d'un respect absolu. Le problème, c'est que la définition est trop large, on peut y faire entrer notamment la Science et la Politique. Sauf que si on la réduit, certains systèmes considérés par tous comme des Religions n'entrent plus dans la définition (par exemple, le Déisme, et parfois, le Bouddhisme, sont ces cas-limites). Donc, j'adopte la définition.

De ce point de vue, et finalement, de tous les points de vue, la Religion ne fait pas grand chose de mauvais, sinon une relation respectueuse. Le message de la Religion est très souvent humaniste, progressiste (au moins au temps où la Religion a émergé). Le problème, c'est simplement l'Institution. Et encore. Je crois que le problème, c'est surtout que le but premier d'une institution, c'est de se conserver elle-même. Et souvent, sans changer, sans se remettre en cause (ce qui est là un vrai, vrai problème, puisque cela a pu causer nombre de situations... déplorables). Alors que parfois, souvent même, voire toujours, la société évolue, et il faut changer avec elle, au moins en partie. Se remettre en cause au regard de la science, de la politique, de, finalement, tous les enjeux de son temps, et changer ou non, changer un peu ou beaucoup.

C'est là que je vous parle de ce que je considère comme le plus grand changement qu'ait connu la Religion. Mais que l'on peut considérer comme anodin ; il s'agit là de mon point de vue. Un philosophe, du nom de Feuerbach, a remarqué que le Sacré des Religions se trouvait très, très souvent être indirectement, sous des formes camouflées, l'Homme, l'Homme s'adorant donc lui-même. D'où le renversement copernicien qu'il propose. Et si nous posions, une fois pour toutes, que le Sacré, c'est l'Humanité ; Humanité qui transcende, dépasse, l'individu, qui est une possibilité pour lui d'aller au-delà de lui-même, et pour elle de s'améliorer continuellement. Voici né l'Athéisme de Feuerbach. D'où sa citation, à propos des relations entre individu et Humanité, qu'il nommera politique : "Il faut faire de la politique notre religion." (Feuerbach, Une transformation nécessaire).

Et c'est à ce moment-là que j'ai commencé à être religieux (selon la définition plus haut). Oui. Et à ce moment-là que j'ai vraiment commencé à comprendre que la Religion, que j'avais toujours peinte à charge, n'était pas si mauvaise, tant qu'elle tendait à l'épanouissement de l'individu et du groupe à la fois, tant qu'elle ne s'imposait pas à autrui. Des formules telles que "Dieu est amour" me conviennent alors totalement. Bien que j'aurais tendance à les formuler ainsi : "Notre relation à l'Humanité se teinte de respect, puis d'amitié et enfin d'amour.", selon, alors, ma propre Religion. Une Religion fondamentalement sociale.