Bon. Je vais le dire tout de suite. Je pense que c'est raté. Très sincèrement. Peut-être pas par rapport aux poèmes eux-mêmes : je crois que je les aime bien. Mais par rapport au but recherché, c'est un échec cuisant. J'ai l'impression soit de ne pas en faire assez, par omission, simplicité, fluidité, ou d'en faire trop, par... culpabilité ? Je pense que ça se verra immédiatement. Mais déjà, il faudrait que je m'explique.
Mon but était d'apporter un peu plus de musicalité dans mes poèmes. Vous n'imaginez même pas la relation complexe que j'ai à mes poèmes. Je suis un perfectionniste ultra-exigeant fini, surtout pour des poèmes où tout, les virgules, rythmes, mots, rimes, vers, strophes, titres, sonorités, sens, doubles et triples sens, métaphores, allégories, figures de style en tous genres plus variés sont hétéroclites à chaque poème, à chaque grande idée, mais avec une dose toujours infiniment précise. Un poème, c'est (ce que mon âme scientifique se refuse à appeler) de l'alchimie (mais que voulez vous, l'artiste en moi a dit : "alchimie, ça fait cool et mystique, alors tu le mets").
Bref. Je ne suis pas très bon en musicalité. Un jour, j'ai écrit un poème Musique. Je l'aime beaucoup. Pour ses images, son sens. Sa forme. C'est un pantoum (un poème en quatrains dont les second et quatrième vers de chaque strophe sont les premier et troisième vers de la strophe suivante, dont le premier vers et le dernier sont identiques, et dont chaque moitié de strophe a une opposition conceptuelle : la première est souvent intime, concrète, et la seconde, grandiose, abstraite). Je crois que c'est la forme de poème la plus magnifique et la plus intéressante, la sextine mise à part (c'est un poème en six sizains dont les rimes sont toujours les mêmes, exactement les mêmes mots, mais dans un ordre différent, selon une rotation assez jolie). Bref, je m'égare. Toujours est-il que j'adore ce poème pour son sens et sa forme, comme je l'ai dit. Mais que d'un point de vue musical (et alors même qu'il se doit musical), je le trouve très médiocre.
Mais je m'égare encore. Betta m'a proposé, récemment, d'écrire des poèmes et d'en supprimer la rime, le temps de devenir musical. Écrire sans rime, c'était pour moi un défi : je n'ai jamais fait, ou peut-être, si, dans deux strophes sur cinquante poèmes. Et ça ne me plaisait pas, la rime est garantie de son, de tintement, de chanson, de musique, finalement. Sauf que seule, ça n'est que peu satisfaisant. Betta avait complètement raison. Je l'ai vivement remerciée pour son conseil, et ces deux derniers jours sont nés cinq poèmes expérimentaux. Sans rime, donc. Sans métrique, non plus, enfin presque. Quitte à en enlever un, je suis plus à l'aise sans l'autre. Bientôt, je passerai à la poésie en prose. Autrement plus difficile. Mais enfin, trêves de bavardages, ces poèmes, je vous les montre, si jamais vous avez le cœur à les lire. Je dirais qu'ils forment une unité. Non, en fait, c'est vrai, et c'est évident. Les jours.
Les
jours de pluie
Les
jours de pluie
Se
sont faufilés jusqu'ici
Le
vent les a fait voler
Vers
moi
Les
jours de pluie
Restent
de longs ennuis
Même
quand la musique cliquetante
Anime
mon esprit
Tapotant
sur le carreau
Fanfarons
sur le toit plat
Les
doigts des nuages gris
Comme
sur un vieux piano
Sonnent
et résonnent
Au
creux du silence
Que
commence la douce danse
Des
âmes soupirantes
Entre
les colonnes
Aiguës
Que
la frustration immense
Emplisse
les cœurs déçus
Enfermés
au chaud au sec
Enfermés
loin de la vie
Les
fleurs pourtant se réveillent
Se
tournent vers le ciel
Récoltent
son frais nectar
Et
frissonnent
Les
feuilles chantonnent
Un
hymne à l'eau
Qui
dans son cycle infini
Revient
enfin
Et
moi
Triste
humain
Prisonnier
de ma pensée
Prisonnier
de nos pensées
Outils
Plaisirs
Je
pense
Que
la pluie
Est
un tableau malheureux
Et
moi
Je
me sens
Comme
ce roi
Dément
Pour
qui l'ennui
Est
porté par les cieux
Alors
que le bonheur
Entonne
sa chanson
Si
je le lui demande
Les jours de neige
Les
jours de neige
Sont
une danse éphémère
Les
jours de neige
Sont
un chaos continuel
Où
la pureté
Frissonne
Où
tout se mêle dans une unité blanche
Une
brume glacée
Violente
et forte
Dehors
Mais
apaisante
Derrière
une vitre
À
l'intérieur
Plus
chaud
Dans
ma poitrine
Vois
Il
tourbillonnent les flocons
Maëlstrom
D'émotions
de violons de floraisons
De
lumière fuyante
De
chaleur humaine rêvée
Du
plus profond de moi-même
Cette
sphère cristalline
S'étend
Au
monde
Qui
m'entoure
Les jours d'été
Les
jours d'été
Sourient
toujours par leurs rayons
Les
jours d'été
Sont
une averse irisée
Voilà
que rebondissent
Les
petits grains de lumière
Et
leurs longs rires
Sur
tous les murs
Dans
Toutes
les têtes
Les
yeux
Les
vœux
Fête
infinie
Qui
éclot le matin
Avec
le soleil
Que
certains regardent sans voir
Alors
que sa rosée verte
Sous
un couvercle obscur
Augure
le jour radieux
Doux
Comme
une comptine
Enfantine
Alors
que les jours d'été
Viennent
nous enchanter
Même
un bien sombre hiver
Les jours de vent
Les
jours de vent
Sont
une longue symphonie
Les
jours de vent
Font
bruisser et frémir mes fantômes
Je
me rappelle alors
Mon
grand ennemi gris
Le
vent le souffle vers l'espace
Fait
filer ce félon
Laisse
une douce paix
Qui
dure
S'étire
S'allonge
À
mesure
que les feuilles
Pétales
Grains
Oiseaux
Suivent
sa course effrénée
Distraient
mon esprit
Me
soustraient au silence affligé
De
l'inanité noire
Brute
et dure
Qui
me dévore
Souffle
Souffle Vent saisissant
Montre
que ta puissance
Efface
Solitude
et lassitude
Pour
faire place
À
la Sérénité
Les
jours gris
Ô
jours d'un gris trop fade
Vous
êtes trop nombreux
Nombreux
comme les ombres
Nombreux
comme les sons
Vous
êtes les silences
De
l'art l'âme et la vie
Plus
rien ne retentit
Comme
un brillant éclat
Vous
êtes plats et vides
Vous
êtes las et morts
J'ai
voulu voir en vous
La
promesse du beau
J'ai
seulement reçu
Votre
monotonie
Votre
sombre ironie
Partez
Car
je veux l'étincelle
Je
veux dans mon esprit
D'autres
jours
Qui
m'ensorcellent
Qui
se distinguent
Battent
bruissent sonnent
Scintillent
brillent éclatent
En
un simple trésor
Sourire
Que
vous me rendez rare
Voilà voilà, si jamais vous avez envie de dire ce que vous en pensez, eh bien, n'hésitez pas ^^ Et merci à vous. De m'avoir lu.
=)
J'aime. J'aime. J'aime.
RépondreSupprimerEt j'avais raison. Ton potentiel était brimé par la forme trop rigide que tu t'imposais. Tu es génial. Tous tes mots chantent et vibrent, c'est merveilleux.
Well done, mate.
Oh. Merci. ^^ N'empêche que je les trouve pas assez musicaux... :/ Je dois vraiment être dur avec moi-même. Il faut que je les fasse passer au "murmuroir", comme dit Jean Luc Despax ^^
RépondreSupprimerOu juste qu'on a pas la même musique. Aussi.
SupprimerMême si t'es super dur avec toi. Quand même (remember, la confiance en soi, le perfectionnisme...)
Sans doute. J'aimerais bien une musique universelle. Utopiste.
SupprimerMême si je suis super dur avec moi-même, quoi ? x) (euh... Ben j'ai toujours pas confiance en moi quoi)