samedi 22 février 2014

Poèmes expérimentaux

Bon. Je vais le dire tout de suite. Je pense que c'est raté. Très sincèrement. Peut-être pas par rapport aux poèmes eux-mêmes : je crois que je les aime bien. Mais par rapport au but recherché, c'est un échec cuisant. J'ai l'impression soit de ne pas en faire assez, par omission, simplicité, fluidité, ou d'en faire trop, par... culpabilité ? Je pense que ça se verra immédiatement. Mais déjà, il faudrait que je m'explique.

Mon but était d'apporter un peu plus de musicalité dans mes poèmes. Vous n'imaginez même pas la relation complexe que j'ai à mes poèmes. Je suis un perfectionniste ultra-exigeant fini, surtout pour des poèmes où tout, les virgules, rythmes, mots, rimes, vers, strophes, titres, sonorités, sens, doubles et triples sens, métaphores, allégories, figures de style en tous genres plus variés sont hétéroclites à chaque poème, à chaque grande idée, mais avec une dose toujours infiniment précise. Un poème, c'est (ce que mon âme scientifique se refuse à appeler) de l'alchimie (mais que voulez vous, l'artiste en moi a dit : "alchimie, ça fait cool et mystique, alors tu le mets").
Bref. Je ne suis pas très bon en musicalité. Un jour, j'ai écrit un poème Musique. Je l'aime beaucoup. Pour ses images, son sens. Sa forme. C'est un pantoum (un poème en quatrains dont les second et quatrième vers de chaque strophe sont les premier et troisième vers de la strophe suivante, dont le premier vers et le dernier sont identiques, et dont chaque moitié de strophe a une opposition conceptuelle : la première est souvent intime, concrète, et la seconde, grandiose, abstraite). Je crois que c'est la forme de poème la plus magnifique et la plus intéressante, la sextine mise à part (c'est un poème en six sizains dont les rimes sont toujours les mêmes, exactement les mêmes mots, mais dans un ordre différent, selon une rotation assez jolie). Bref, je m'égare. Toujours est-il que j'adore ce poème pour son sens et sa forme, comme je l'ai dit. Mais que d'un point de vue musical (et alors même qu'il se doit musical), je le trouve très médiocre.

Mais je m'égare encore. Betta m'a proposé, récemment, d'écrire des poèmes et d'en supprimer la rime, le temps de devenir musical. Écrire sans rime, c'était pour moi un défi : je n'ai jamais fait, ou peut-être, si, dans deux strophes sur cinquante poèmes. Et ça ne me plaisait pas, la rime est garantie de son, de tintement, de chanson, de musique, finalement. Sauf que seule, ça n'est que peu satisfaisant. Betta avait complètement raison. Je l'ai vivement remerciée pour son conseil, et ces deux derniers jours sont nés cinq poèmes expérimentaux. Sans rime, donc. Sans métrique, non plus, enfin presque. Quitte à en enlever un, je suis plus à l'aise sans l'autre. Bientôt, je passerai à la poésie en prose. Autrement plus difficile. Mais enfin, trêves de bavardages, ces poèmes, je vous les montre, si jamais vous avez le cœur à les lire. Je dirais qu'ils forment une unité. Non, en fait, c'est vrai, et c'est évident. Les jours.

Les jours de pluie

Les jours de pluie
Se sont faufilés jusqu'ici
Le vent les a fait voler
Vers moi
Les jours de pluie
Restent de longs ennuis
Même quand la musique cliquetante
Anime mon esprit
Tapotant sur le carreau
Fanfarons sur le toit plat
Les doigts des nuages gris
Comme sur un vieux piano
Sonnent et résonnent
Au creux du silence

Que commence la douce danse
Des âmes soupirantes
Entre les colonnes
Aiguës
Que la frustration immense
Emplisse les cœurs déçus
Enfermés au chaud au sec
Enfermés loin de la vie

Les fleurs pourtant se réveillent
Se tournent vers le ciel
Récoltent son frais nectar
Et frissonnent
Les feuilles chantonnent
Un hymne à l'eau
Qui dans son cycle infini
Revient enfin

Et moi
Triste humain
Prisonnier de ma pensée
Prisonnier de nos pensées
Outils
Plaisirs
Je pense
Que la pluie
Est un tableau malheureux
Et moi
Je me sens
Comme ce roi
Dément
Pour qui l'ennui
Est porté par les cieux
Alors que le bonheur
Entonne sa chanson
Si je le lui demande



Les jours de neige

Les jours de neige
Sont une danse éphémère
Les jours de neige
Sont un chaos continuel
Où la pureté
Frissonne
Où tout se mêle dans une unité blanche
Une brume glacée
Violente et forte
Dehors
Mais apaisante
Derrière une vitre
À l'intérieur
Plus chaud
Dans ma poitrine
Vois
Il tourbillonnent les flocons
Maëlstrom
D'émotions de violons de floraisons
De lumière fuyante
De chaleur humaine rêvée
Du plus profond de moi-même
Cette sphère cristalline
S'étend
Au monde
Qui m'entoure



Les jours d'été

Les jours d'été
Sourient toujours par leurs rayons
Les jours d'été
Sont une averse irisée
Voilà que rebondissent
Les petits grains de lumière
Et leurs longs rires
Sur tous les murs
Dans
Toutes les têtes
Les yeux
Les vœux
Fête infinie
Qui éclot le matin
Avec le soleil
Que certains regardent sans voir
Alors que sa rosée verte
Sous un couvercle obscur
Augure le jour radieux
Doux
Comme une comptine
Enfantine

Alors que les jours d'été
Viennent nous enchanter
Même un bien sombre hiver



Les jours de vent

Les jours de vent
Sont une longue symphonie
Les jours de vent
Font bruisser et frémir mes fantômes

Je me rappelle alors
Mon grand ennemi gris
Le vent le souffle vers l'espace
Fait filer ce félon
Laisse une douce paix
Qui dure
S'étire
S'allonge
À mesure que les feuilles
Pétales
Grains
Oiseaux
Suivent sa course effrénée
Distraient mon esprit
Me soustraient au silence affligé
De l'inanité noire
Brute et dure
Qui me dévore

Souffle Souffle Vent saisissant
Montre que ta puissance
Efface
Solitude et lassitude
Pour faire place
À la Sérénité



Les jours gris

Ô jours d'un gris trop fade
Vous êtes trop nombreux
Nombreux comme les ombres
Nombreux comme les sons
Vous êtes les silences
De l'art l'âme et la vie
Plus rien ne retentit
Comme un brillant éclat
Vous êtes plats et vides
Vous êtes las et morts
J'ai voulu voir en vous
La promesse du beau
J'ai seulement reçu
Votre monotonie
Votre sombre ironie

Partez
Car je veux l'étincelle
Je veux dans mon esprit
D'autres jours
Qui m'ensorcellent
Qui se distinguent
Battent bruissent sonnent
Scintillent brillent éclatent
En un simple trésor
Sourire
Que vous me rendez rare

Voilà voilà, si jamais vous avez envie de dire ce que vous en pensez, eh bien, n'hésitez pas ^^ Et merci à vous. De m'avoir lu.
=)

4 commentaires:

  1. J'aime. J'aime. J'aime.
    Et j'avais raison. Ton potentiel était brimé par la forme trop rigide que tu t'imposais. Tu es génial. Tous tes mots chantent et vibrent, c'est merveilleux.
    Well done, mate.

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  2. Oh. Merci. ^^ N'empêche que je les trouve pas assez musicaux... :/ Je dois vraiment être dur avec moi-même. Il faut que je les fasse passer au "murmuroir", comme dit Jean Luc Despax ^^

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    1. Ou juste qu'on a pas la même musique. Aussi.
      Même si t'es super dur avec toi. Quand même (remember, la confiance en soi, le perfectionnisme...)

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    2. Sans doute. J'aimerais bien une musique universelle. Utopiste.
      Même si je suis super dur avec moi-même, quoi ? x) (euh... Ben j'ai toujours pas confiance en moi quoi)

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