mercredi 18 décembre 2013

Peu m'importe qui je suis.

Peu m'importe qui je suis.
Mais ceux qui m'ont construit et qui je veux devenir sont les trésors, pour l'un de mon passé, pour l'autre de mon futur. Quant au présent, éphémère, il ne représente que l'infime partie de moi qui se construit, change continuellement en un chaos de caractéristiques nouvelles, de perceptions et d'intuitions s'ordonnant peu à peu par mon entendement. Je me cristallise à chaque instant.

Ce que vous voyez, en moi, en tout autrui finalement, c'est ce cristal. Et ce que vous jugez, c'est ce cristal. C'est tout ce qui est à votre disposition, après tout. Mais premièrement, vous pouvez juger autrui tant que vous voulez, tant que vous n'exprimez ce jugement d'aucune manière que ce soit. Secondement, vous n'avez le droit de juger que la partie d'autrui qui vient de manière certaine de vous, car "On ne possède d'un être que ce qu'on change en lui" (A. Malraux, La Condition humaine). Or rien ne vient de vous de manière certaine, alors vous ne pouvez pas juger quiconque, et ce en aucun cas. Troisièmement, vous ne pouvez juger quelqu'un que si et seulement si cet autre vous l'a expressément et librement autorisé. Quatrièmement, dans tout jugement que vous émettez, pensez à prendre en compte l'aspiration de l'être humain jugé, car la conscience, c'est un "éclatement vers", la conscience est intentionnalité, projet, téléonomie. La conscience est tout autant visée des objets matériels, visée des objets mentaux et aspiration. Ces trois visées sont donc partie intégrante de l'être considéré, et pour émettre un jugement juste - en supposant qu'on vous l'aie préalablement demandé - il faut prendre en considération le passé, ce cristal, et le futur, cet éclatement, et surtout, en oublier le présent.

Car le présent, souvent, ce n'est qu'une couche superficielle de poussière qui peut être balayée sous peu par une nouvelle donnée, par une nouvelle aspiration, ou par un ancien composant qui prendrait subitement toute la mesure de la signification de cette "poussière" qu'est le présent. Le présent, mes amis, ne compte pas.

8 commentaires:

  1. Marrant. Nous avons un avis totalement opposé. Quand on vit au jour le jour, le moment présent compte plus que tout le reste.

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  2. Je veux bien, alors, ton argument pour justifier l'importance du présent ^^ (En fait, je trouve le présent important, mais beaucoup trop éphémère, c'est pour ça que je me construis plutôt sur le sûr, le solide, que sont passé et futur) (c'est pas pour ça non plus que je n'en profite pas, mais je le trouve beaucoup trop rapide pour m'y attacher) (et imprévisible aussi)

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    1. Zut, j'ai perdu mon commentaire. En substance, ça disait juste que rien n'est plus important que le présent tout simplement parce que c'est ce que l'on EST. Notre moi passé est un autre moi, et je n'aimerais pas qu'on me regarde par rapport à ce moi passé sans celui que je suis maintenant. Le futur, étant indéfini, on ne peut selon moi pas se baser dessus. Sans oublier que le présent est ce que l'on vit (la vie est plus important que tout :bim:), le passé est figé et on ne peut rien y changer, donc se retourner en arrière sans arrêt n'est pas vraiment bénéfique...
      Bref, carpe diem est mon état d'esprit et ma façon de voir les choses. :)

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    2. En fait, je considère que le moi passé, c'est toujours moi. Certes j'ai changé, mais ce moi passé et ce moi actuel vivons et avons vécu dans le même corps, alors on dit qu'on est le même. Du coup, après, ce n'est pas qu'on juge, mettons, l'un de tes "moi" passés, mais bien son ensemble, qui inclut, précisons-le bien, celui de la seconde passée, puisque très justement, elle est passée. En fait, je considère que le moi présent est "en construction", et que seul le moi "passé" ne l'est plus.
      Quant au futur, on ne peut pas se baser dessus, mais pourtant, le futur, c'est là que se trouvent tous nos buts, et je pourrai te ressortir un texte (de Sartre, quel hasard) comme quoi la conscience est intentionnalité.
      Pour le présent, c'est certes ce que l'on vit, mais encore une fois, c'est trop court, et peux-tu m'assurer que quand tu savoures le moment présent, ce n'est pas, plutôt, le moment passé d'il y a un instant que tu apprécies ?
      Et je n'ai pas parlé de me retourner en arrière tout le temps, bien au contraire, et je sais que ce n'est pas bénéfique. Je dis juste que mon moi est à prendre entier : passé, présent et futur, si l'on veut me juger.

      Je crois que tu crois que je m'oppose au carpe diem, mais en fait, ce n'est pas si clair que ça, et je n'ai pas dit que je ne savourais pas le présent. Je dis simplement qu'il est pour moi sur l'instant trop confus pour être analysé ; une fois qu'il peut l'être, il est parti, et seulement là, on peut le savourer. Quant au futur, c'est simplement prévoir que l'on puisse amasser plus de bons souvenirs.

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    3. Toujours pas d'accord. On peut pas te prendre en entier en te prenant au futur puisque ce futur n'existe pas encore.
      Pour le présent, mettons que tu rencontres qqun : ta première impression, et donc ton envie de lui reparler ou pas seras basée sur cette impression basée uniquement sur le présent. Ou inversement tu peux passer de super moments dans un présent courts avec des gens que globalement tu n'aimes pas. Et ce ne sont que des exemples.^^

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    4. On ne prend pas ton futur, mais ce que tu y projettes, ce que tu VEUX être.

      Non mais je suis d'accord avec ça (quoique, l'impression que tu as de lui dans le présent, pour moi, elle devient immédiatement du passé).

      Ce que j'essaie de te dire, c'est qu'une impression, au moment où elle t'arrive, elle est présente, mais au moment où tu la comprends, au moment où tu l'intègres, au moment où tu la saisis, elle est déjà passée. C'est un peu ça le problème du présent.

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    5. Bah nan, quand tu l'intègres c'est un moment présent :b

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    6. Ça se discute... En fait... Quand tu l'intègres, il a fallu du temps à ton cerveau pour la traiter. Du coup, l'intégration de ton impression, elle est présente, ce qui a provoqué ton impression, par contre, c'est passé.

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