mardi 19 novembre 2013

La Nécessité de la Pensée

Récemment, nous avons fait un cours de philo sur le Doute Hyperbolique de Descartes. Seulement sur le Doute Hyperbolique - i.e. que tout ce dont on peut douter est considéré comme contingent, pouvant être comme pouvant ne pas être - et pas sur les conclusions de Descartes, celles sur le cogito, sur lequel je reviendrai après. Or, donc, je décidai, le soir, de me lancer dans ma propre réflexion : que reste-t-il après application du Doute Hyperbolique ? Je m'amusai, sous forme de pièce de théâtre, à déconstruire petit à petit le monde, avant de me rendre compte qu'effectivement, ce qui reste, ce qui est absolument nécessaire, c'est l'esprit, puis la pensée. À partir de là, j'imaginai également comment recréer les sciences : la physique (qui, pour moi, de manière très large, englobe la biologie) et les mathématiques.
Je me suis vite rendu compte que ma conclusion était relativement proche de celle de Descartes, et que je n'avais, pour ainsi dire, rien inventé. Mais j'étais content de moi. Parce que j'ai retrouvé la conclusion de Descartes sans en avoir eu connaissance. Car Descartes, lui, en appliquant le Doute Hyperbolique, nous dit que même si la pensée n'est qu'une illusion, le simple fait de douter signifie que l'on existe. Cependant, on ne peut pas être sûr que ce doute soit véritable, mais en doutant du doute, on prouve là encore notre existence. Ou pas, puisque l'on peut encore dire que le doute était une illusion, et ainsi de suite. Aussi, en appliquant le Doute Hyperbolique de manière rigoureuse (tout ce dont je peux douter est considéré comme contingent), la pensée reste contingente. Descartes avance un autre argument, bien plus convainquant et percutant. Pour être trompé, il faut exister. Sauf que, pour moi, on peut exister sans penser (regardons les pierres) (bon, on ne peut pas être sûr qu'une pierre pense, mais n'exprimant pas sa pensée, on ne peut le savoir ; et même, la pensée est ce qui s'exprime : les sourds-muets-aveugles (oui, mettons qu'ils aient tous ces maux là, dans cet exemple) trouvent un autre moyen de communication, par le braille, l'écriture, et pour les non-aveugles, le langage des signes. Bref, la pensée est ce qui s'exprime, donc les pierres ne pensent pas.) (mais elles peuvent exister, après tout). Pour Descartes, l'existence est pensée, donc il s'est arrêté là. Mais je vais plus loin, car pour moi, les pierres existent (quoique, mais c'est un exemple théorique d'entité qui existe sans penser, ce qui permet de dire que l'existence n'est peut-être pas pensée : on ne peut pas savoir) sans penser. Aussi, ma conclusion est-elle différente en ce sens, mais au final, revient à celle de Descartes, en ce sens que nous pensons, et que c'est une nécessité. Même si je pourrais, de mon point de vue, presque parler de "sum ergo cogito" (je suis/j'existe donc je pense) plutôt que de "cogito ergo sum".

Bref, je vous laisse lire, bonne lecture (si je ne vous ai pas déjà assommés :p) !
Ah et un dernier avertissement : chacun des personnages est une allégorie, je les expliquerai certainement plus tard ^^

Alpha entre avec un nez rouge. Oméga entre avec un chapeau. Ils s'assoient. Un temps.

Alpha : Bonjour Oméga !
Oméga : Bonjour Alpha.
Alpha : Il ne fait pas très beau, aujourd'hui.
Oméga : J'aurais dit qu'il fait presque beau, moi.
Alpha : Si tu veux. Ça revient au même, non ?
Oméga : Possible.

Un temps.

Alpha : Tu as vu, j'ai un nez rouge ?
Oméga : Tu es ivre ?
Alpha : Mais non. J'ai un nez de clown. C'est drôle non ?
Oméga : Peut-être que tu es ivre quand même. Tu ne peux pas savoir.

Un temps.

Alpha : Pourquoi ce chapeau ?
Oméga : J'ai un chapeau ?
Alpha : Oui.
Oméga : Ah. Je ne sais pas, alors.
Alpha : Je vois que tu as un chapeau en tous cas.

Un temps.

Alpha : C'est quand même drôle un nez rouge, non ?
Oméga rit.
Alpha : Pourquoi tu as ri ?
Oméga : Le nez rouge est drôle.
Alpha : Pourquoi tu n'as pas ri au début ?
Oméga : Je ne savais pas que le nez rouge était drôle.
Alpha : Mais un nez rouge est drôle, tout le monde sait ça !
Oméga : Pas moi. Un nez rouge, c'est un objet. Un chapeau aussi. Pourtant, ce n'est pas drôle un chapeau.
Alpha : Ça dépend, parfois, c'est drôle un chapeau.
Oméga : Tu crois que mon chapeau est drôle ?
Alpha : Je ne le trouve pas drôle.
Oméga : Tu crois que certains le trouveraient drôle ?
Alpha : Je ne vois pas pourquoi.
Oméga : Il y a vraiment besoin d'une raison ?
Alpha : C'est évident. Une chose est drôle parce que...

Un temps.

Alpha : Je ne sais pas pourquoi, mais il doit y avoir une raison.
Oméga : Si tu ne sais pas, peut-être que tu as tort. Peut-être qu'il y a une raison
Alpha : C'est sans doute vrai... Mais ce chapeau n'est pas drôle. Pour personne.
Oméga : Je pourrais peut-être trouver quelqu'un qui le trouve drôle.
Alpha : J'en doute.
Oméga : Mais c'est possible, non ?
Alpha : J'imagine, oui.
Oméga : Alors ce chapeau doit être drôle.
Alpha : Tu as raison.
Oméga : Mais tu ne le trouves pas drôle. Alors le chapeau ne peut pas être drôle.
Alpha : J'avais raison !

Un temps.

Alpha : Alors, il est drôle ou pas ?
Oméga : Les deux.
Alpha : C'est étrange. Et mon nez rouge ?
Oméga : J'ai dit qu'il était drôle parce que tu as dit qu'il était drôle.
Alpha : Du coup, il est drôle, non ?
Oméga : Je ne sais pas.
Alpha : Si tu ne sais pas, peut-être que tu as tort.
Oméga : Tu as raison. Peut-être que quelqu'un ne trouve pas le nez rouge drôle.
Alpha : Donc il n'est pas drôle.
Oméga : Non.
Alpha : Mais il est rouge, ça c'est sûr.

Un temps.

Oméga : Rouge ?
Alpha : Eh bien oui, tu le vois, non ?
Oméga : Peut-être.
Alpha : Tu ne peux pas dire peut-être. Tous sains d'esprit voient les nez rouges rouges. Donc tu le vois rouge aussi. Parce que tu es quelqu'un de sain d'esprit, n'est-ce pas ?
Oméga : Peut-être.
Alpha : Donc le nez rouge est rouge.
Oméga : J'ai dit : « Peut-être ».
Alpha : Je sais. Mais c'est forcément vrai. Et pour le nez rouge aussi.
Oméga : Tu penses ?
Alpha : Non, je suis sûr. C'est certain.
Oméga : Comment tu le sais ?
Alpha : Parce que personne n'a dit d'une chose rouge qu'elle était autre chose sans qu'on puisse l'expliquer.
Oméga : Peut-être que je le vois d'une couleur, et que tu le vois d'une autre, mais que tu es habitué à dire que la couleur que tu vois est le rouge, et moi de même, mais pour l'autre couleur que je vois. Du coup, on dit qu'elle est rouge, mais ce n'est peut-être pas ton rouge, et ce n'est peut-être pas mon rouge. Si ça se trouve, on le voit tous d'une couleur différente.
Alpha : Tu as raison. Mais ton chapeau, il est noir, et la science dit que ce qui est noir n'a pas de couleur. Donc on doit tous voir la même chose, le même noir.
Oméga : Comment sait-on ça ?
Alpha : Ce sont des machines qui le mesurent.
Oméga : Peut-on être sûr des machines ?
Alpha : J'imagine que oui, elles disent toutes la même chose.
Oméga : On dit tous qu'on voit que le nez rouge est rouge. Et il n'est peut-être pas rouge.
Alpha : Alors le chapeau n'est peut-être pas noir. Toutes les couleurs sont peut-être fausses.
Oméga : Et les formes.
Alpha : Les formes ? Mais le nez rouge est rond.
Oméga : Je pourrais être habitué à dire qu'il est rond et le voir comme tu vois les carrés.
Alpha : Tu as raison. Alors les formes et les couleurs sont peut-être fausses.
Oméga : Et tout le reste. Pour les mêmes raisons.
Alpha : Oui. Je vois.

Un temps.

Alpha, fermant les yeux : Je ferme les yeux.
Oméga : Qu'est-ce que tu vois ?
Alpha : Rien.
Oméga : Tu ne vois rien... C'est la même couleur que le chapeau ?
Alpha : Oui.
Oméga : Comment peux-tu être sûr que le chapeau existe alors ?

Un temps.

Alpha : Donne-moi le chapeau.

Oméga donne le chapeau.

Alpha, prend le chapeau, le retourne dans ses mains : Je peux le toucher. Je le sens.
Oméga : Ça t'est déjà arrivé d'avoir des fourmis dans les jambes ?
Alpha : Oui.
Oméga : Mais peut-être qu'il y en avait.
Alpha : Peut-être, oui.
Oméga : Ou peut-être pas. On ne peut pas être sûr qu'il y avait vraiment des fourmis dans tes jambes. Mais tu les as senties.
Alpha : C'est vrai.
Oméga : Et tu sens le chapeau. Donc on ne peut pas être sûr qu'il y a vraiment un chapeau dans tes mains.

Un temps. Alpha tapote le chapeau.

Alpha : Je l'entends.
Oméga : Tu as déjà eu des acouphènes ?
Alpha : Oui.
Oméga : C'est du son, mais tu ne peux pas être sûr qu'il existe.
Alpha : Alors peut-être que le chapeau n'existe pas non plus.

Un temps. Alpha approche le chapeau de son nez.

Alpha : Je sens son odeur.
Oméga : Il sent quoi ?
Alpha : Il sent la tomate.
Oméga : Il y a une tomate ?
Alpha : Non ! Ou peut-être. Ou peut-être pas.
Oméga : Tu sens une tomate mais il n'y a peut-être pas de tomate. Et le chapeau n'est peut-être pas une tomate. Comment peux-tu être sûr que le chapeau existe alors ?

Un temps. Alpha approche le chapeau de sa bouche, l'ouvre grand, la referme, éloigne le chapeau.

Alpha : J'imagine que je pourrais le goûter, si je le mangeais.
Oméga : Ce serait comme l'odorat. Il aurait un goût. Peut-être un goût de chapeau. Peut-être un goût de tomate. Ou autre chose. Mais tu ne pourrais pas savoir si c'est un vrai goût, ou si c'est simplement...
Alpha : Une illusion. Effectivement.

Un temps. Alpha met le chapeau, range son nez rouge, sort une pomme et croque dedans.

Oméga : Que fais-tu ?
Alpha : Je mange une pomme, tu ne vois pas ?
Oméga : Non, je ne vois pas.
Alpha : Tu as fermé les yeux ?
Oméga : Pas besoin.
Alpha : Alors quoi ?
Oméga : Ta pomme existe ?
Alpha : Mais oui ! C'est le chapeau qui n'existe peut-être pas.
Oméga : Mais si le chapeau n'existe pas, la pomme non plus.
Alpha : C'est vrai. Mais je crois que j'ai faim. C'est peut-être une illusion. Mais les pommes, c'est peut-être bon.

Un temps.

Alpha : Alors peut-être que rien n'existe. Tu es toujours là ?
Oméga : Oui.
Alpha : Dommage. Tu crois que rien n'existe ?
Oméga : Peut-être.
Alpha : Il n'y a plus de réalité.
Oméga : C'est toi qui le dis.
Alpha : Où est la frontière entre mon esprit et la réalité ?
Oméga : À toi de me le de dire.
Alpha : Peut-être qu'il n'y en a pas.
Oméga : S'il n'y en a pas, alors peut-être que ton esprit n'existe pas.
Alpha : C'est possible. Mais je pense.
Oméga : Cela ne résout pas tout. Peut-être que tes pensées sont des illusions.
Alpha : Mais le fait de penser qu'elles sont illusoires est un acte de pensée.
Oméga : Qui peut à son tour être une illusion.
Alpha : Et comme j'en suis conscient, c'est une suite sans fin. Je ne peux pas savoir si mes pensées existent.
Oméga : Donc peut-être que rien n'existe
Alpha : Bon, cherchons encore...

Un temps.

Alpha : Réfléchissons bien : il y a deux cas. Dans le premier, il est possible que rien n'existe dans mon esprit ; de même rien n'existe de manière certaine dans la réalité, alors les deux peuvent être confondus, et peuvent même ne pas exister. Dans le second, mes pensées existent de manière certaine, alors mon esprit existe et est strictement séparé de la réalité, sans quoi on observerait la contingence à la fois dans mon esprit et dans la réalité, ce qui n'est pas le cas.
Oméga : Certes. Et à quoi cela nous avance-t-il ?
Alpha : Pour l'instant, à rien.

Un temps.

Alpha : Nous sommes d'accord, mes sens, mes pensées peuvent me tromper.
Oméga : Tout peut te tromper, oui.
Alpha : Mais pour être trompé, il faut exister. Donc j'existe.
Oméga : En effet.
Alpha : Mon esprit existe, or dans les deux cas précédemment cités, seule la présence de pensée permet de conclure que l'esprit existe, conclusion : mes pensées existent elles aussi.
Oméga : Bien joué.

Un temps.

Alpha : Mon esprit et la réalité sont séparés. Mais... Et dehors ?
Oméga : Où, dehors ?
Alpha : Eh bien, là-bas, là où ce n'est pas mon esprit.
Oméga : Quoi, là-bas ?
Alpha : C'est réel ?
Oméga : Peut-être.
Alpha : Je veux savoir.
Oméga : Soit. Mais je ne peux pas t'aider.
Alpha : Pourquoi ?
Oméga : Parce que je ne sais rien.

Un temps.

Alpha : Mon esprit existe. Existe. Existe.
Oméga : C'est ce que tu as dit, oui.
Alpha : Tu crois que je peux savoir si la réalité existe vraiment ?
Oméga : Je ne pense pas.
Alpha : Moi si. Je peux bien recréer le monde à partir de mon esprit.
Oméga : Qu'est-ce qu'il y a, dans ton esprit ?
Alpha : Mes pensées. Et rien.
Oméga : Qu'est-ce que c'est, rien ?
Alpha : Tout ce qui est dans mon esprit, mais qui n'est pas mes pensées.
Oméga : D'accord. Et ensuite ?
Alpha : Ensuite, ensuite... J'imagine, au milieu du rien, une chose
Oméga : Qu'est-ce que c'est, une chose ?
Alpha : Cela peut-être tout ce qui n'est pas du rien.
Oméga : Donc c'est une pensée.
Alpha : Si on veut.
Oméga : Qu'est-ce que c'est, une ?
Alpha : C'est le contraire de plusieurs.
Oméga : Qu'est-ce que c'est, plusieurs ?
Alpha : Le contraire de... Attends... Ça ne marche pas.
Oméga : Je le constate bien.
Alpha : Bon. Disons alors que j'imagine mon esprit. Je définis : cette pensée, c'est un.
Oméga : Et si tu avais imaginé la réalité ?
Alpha : Ça aurait été un aussi.
Oméga : D'accord.
Alpha : Maintenant, j'imagine la réalité et mon esprit. Au départ, il n'y avait que mon esprit. Une pensée est apparue, j'ai donc fait ce que j'appellerai une addition. Et comme la réalité et mon esprit sont séparés, alors on dit que c'est deux. Deux pensées. Et deux, c'est plusieurs.
Oméga : Tu ne définis plus, là. Alors, pourquoi deux, c'est plusieurs ?
Alpha : Parce que plusieurs, je définis que c'est quand, si une pensée disparaît, ça ne fait pas rien. Quand une pensée disparaît, c'est une soustraction.
Oméga : Et si une pensée disparaît alors qu'elle n'est pas là ?
Alpha : Alors il manque une pensée. Ensuite, les nombres. Un deux trois quatre cinq six sept huit neuf dix. Ce ne sont que des définitions. Puis, on dit qu'un nombre en plusieurs exemplaires, c'est ce nombre multiplié par le nombre d'exemplaires. C'est la multiplication. Enfin, on dit que si on divise un premier nombre par un second, on obtient le nombre de fois que le premier nombre contient le second. C'est la division. À partir de là, on peut recréer l'algèbre, et peut-être même toutes les mathématiques. En tous cas, les statistiques existent.
Oméga : Génial. Et ça nous sert à quoi ?
Alpha : Cela ne te sert pas, à toi. Mais à moi, si. Appelons Phi et Omicron.

Il sort un téléphone portable, pianote quelques instants. Un temps. Phi entre.

Alpha : Bonjour Phi !
Oméga : Tu crois qu'il existe ?
Phi : Mais bien sûr que j'existe !
Oméga : Ça reste à prouver.
Alpha, à Phi : Ne fais pas attention à lui. Il doute de tout ce qui n'est pas prouvé.
Phi : En un sens, il a raison.
Alpha : Oui, en un sens.

Un temps.

Alpha : Bon, Phi. Nous allons jouer. Nous dirons que tu es... L'Humanité entière.
Phi : Eh bien, en voilà un rôle !
Oméga : N'est-ce pas ?
Alpha : Je vais te poser quelques questions.

Il sort son nez rouge.

Alpha : L'humanité perçoit-elle cet objet par au moins un de ses sens ?
Phi : Oui, en grande partie.
Alpha : Quelle proportion ?
Phi : Je dirais plus de quatre-vingt-quinze pour cent.
Alpha : Bien, alors nous dirons que cet objet existe pour l'humanité, avec une certitude de quatre-vingt-quinze pour cent.

Il range le nez rouge, prend le chapeau dans ses mains.

Alpha : Et le chapeau ?
Phi : Même chose.
Alpha : Bien. De même, on pourra dire que si la plupart des gens voit ce chapeau noir, alors il est noir pour les humains.
Oméga : Vous dites n'importe quoi. Je m'en vais.

Oméga sort. Omicron entre.

Alpha : Omicron ! Te voilà enfin.
Omicron : Désolé, je suis en retard.
Phi : Ce n'est rien, tu vas pouvoir nous aider.
Omicron : De quoi parlez vous ?
Alpha, ton emphatique : De l'Univers !
Phi : Et du chapeau.
Omicron : Je vois.
Phi, soudain, comme ayant eu une révélation : Et si le chapeau n'était pas vraiment noir ?
Alpha : Il faut vérifier. On est allés trop vite. Disons que d'un point de vue objectif, en considérant la réalité perceptible ou imaginable par l'humanité et ses machines, peut-être que le chapeau n'est pas noir, ou pas seulement. Il faut alors vérifier, mesurer.
Phi : Le chapeau reste noir, d'un point de vue humain.
Omicron : Mais ne l'est peut-être pas vraiment d'un point de vue physique.
Alpha : D'où l'utilité d'utiliser des instruments.
Omicron : Mais ils font des erreurs.
Alpha : Alors, il faut encore faire des statistiques. Plusieurs mesures dans les mêmes conditions. Cela permet de réduire l'incertitude quant à la véracité ou la précision des mesures.
Phi : C'est une bonne idée. Et ça mène à quoi ?
Alpha : Eh bien... Je suis sûr de pouvoir penser, je sais que mes pensées existent. Je peux, à partir de cette constatation, retrouver les lois mathématiques. Et à l'aide de celles-ci, notamment des statistiques, j'étudie le monde qui m'entoure. Quand une chose apparaît vraie dans une majorité des cas, soit par observation humaine, soit par des machines, alors, je déduis que cette chose est vraie. Cela me permet d'être sûr, dans une certaine mesure, que le monde qui m'entoure existe bien. Et même si je vis dans une illusion constante, la physique me permet d'apprendre à connaître cette illusion, d'appréhender sa cohérence, sa complexité et sa beauté. En un mot, c'est dire adieu à Oméga, et apprendre à vivre avec Omicron. Quant à toi, Phi, tu existes certainement. Mais au fond, qu'importe. Que tu sois une vérité ou une illusion, Phi, je t'aime. C'est grâce à toi que l'on peut appréhender correctement le monde, tu es une fontaine de diversité et ton potentiel est infini. Alors je t'aime.

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