jeudi 26 septembre 2013

L'enfer, c'est les Autres

Tout d'abord, je tiens à préciser que je parlerai de Huis clos (Sartre), et que, contrairement (je crois... j'espère) à mon article précédent, sur La Nausée, je devrai sans doute détailler des éléments clés de l'intrigue.

Comme entrée en matière, je vais vous poser simplement quelques éléments clés de l'intrigue : trois personne, Garcin (Joseph, le seul à être appelé par son patronyme, ce qui m'a étonné), Inès et Estelle, sont dans une salle close et hermétique, leur enfer. Ils sont condamnés à rester seuls et à se supporter. C'est donc dans ce contexte bien précis que prend place la fameuse citation :

L'enfer, c'est les Autres.

Replacée dans son contexte, la citation prend un autre sens que celui que beaucoup lui attribuent abusivement :
"Tous ces regards qui me mangent… Ha, vous n’êtes que deux ? Je vous croyais beaucoup plus nombreuses. Alors, c’est ça l’enfer. Je n’aurais jamais cru… Vous vous rappelez : le soufre, le bûcher, le gril... Ah ! Quelle plaisanterie. Pas de besoin de gril : l’enfer c’est les Autres."

Leur enfer à eux n'est donc pas fait de torture physique, mais psychologique ; Sartre précise d'ailleurs sa pensée un peu plus tard :

« L'enfer c'est les autres » a été toujours mal compris. On a cru que je voulais dire par là que nos rapports avec les autres étaient toujours empoisonnés, que c'était toujours des rapports infernaux. Or, c'est tout autre chose que je veux dire. Je veux dire que si les rapports avec autrui sont tordus, viciés, alors l'autre ne peut être que l'enfer. Pourquoi ? Parce que les autres sont, au fond, ce qu'il y a de plus important en nous-mêmes, pour notre propre connaissance de nous-mêmes. Quand nous pensons sur nous, quand nous essayons de nous connaître, au fond nous usons des connaissances que les autres ont déjà sur nous, nous nous jugeons avec les moyens que les autres ont, nous ont donné, de nous juger. Quoi que je dise sur moi, toujours le jugement d'autrui entre dedans. Quoi que je sente de moi, le jugement d'autrui entre dedans. Ce qui veut dire que, si mes rapports sont mauvais, je me mets dans la totale dépendance d'autrui et alors, en effet, je suis en enfer. Et il existe une quantité de gens dans le monde qui sont en enfer parce qu'ils dépendent trop du jugement d'autrui. Mais cela ne veut nullement dire qu'on ne puisse avoir d'autres rapports avec les autres, ça marque simplement l'importance capitale de tous les autres pour chacun de nous.

Voilà donc le fin mot de l'histoire : les Autres ne sont l'enfer que si nos relations à eux sont mauvaises ; mais si nous les cultivons, si nous les soignons, alors les Autres ne sont pas l'enfer. Les autres sont ceux de qui naît toute pensée, ceux qui satisfont notre besoin primaire de communication (sans elle, on meurt, ça a été prouvé). En fait, encore une fois, je le répète : les Autres sont source de richesse ; ici, j'irai même plus loin : nous dépendons des Autres. Ils sont une partie de notre être tout autant que notre moi. Nous sommes interdépendants ; tous les individus forment l'Humanité ; il y a l'Humanité toute entière dans chaque individu.

Au final, rejeter l'autre, c'est nous rejeter nous-mêmes.

2 commentaires:

  1. Pourquoi il se fait pas appeler Joseph? Parce que s'appeler Joseph en enfer, c'est la loose.

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    1. Ah oui, en effet : je n'avais pas pensé à ça. Merci :D N'empêche, c'est pas un hasard si Sartre l'a appelé Joseph x)

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