dimanche 22 septembre 2013

L'Écrivain et le Livre

Hugo a été intolérant la moitié de sa vie. Sans parler de son égo.
Sartre a fait beaucoup de mal à Simone de Beauvoir, on le critique beaucoup pour ça.
Brecht était un grand coureur de jupons, un Dom Juan, et il a, pendant longtemps, soutenu Staline.

J'ai voué un culte à Hugo pendant 6 mois.
J'adore Sartre, et je lis ses livres avec plaisir et avidité.
J'admire Brecht plus que tout, et je veux lui rendre hommage par tous les moyens.

Voilà le problème :
On peut aimer le livre sans aimer l'auteur ; ou au moins sans cautionner ses actions ou pensées. On peut apprécier l'art, même les idées, et détester viscéralement l'homme qui les a créés.
Mais un livre, une œuvre, même, est indiscutablement et intimement lié(e) à son auteur, à son artiste. Sans artiste, pas d'œuvre. Et sans œuvre, pas d'artiste : l'homme aurait été différent, journaliste, chimiste, ou que sais-je encore. Ils sont inséparables. Mais on peut les séparer. Paradoxal, non ?

Doit-on se priver du livre sous prétexte que son auteur a été mauvais ?
Mais doit-on pour autant fermer les yeux ? Doit-on excuser ou pardonner ces hommes parce qu'ils ont écrit des livres fantastiques ?

Pour moi, la réponse est claire :
Non, non et pas vraiment.

On prend le meilleur ; on n'accepte pas l'inacceptable. On savoure avec plaisir l'art. On n'accepte pas les actions ; on n'efface pas les torts des hommes. Accorder le pardon ou non, c'est un jugement.
Sans oublier non plus que nul n'est parfait, et certainement pas nous ; et que nous ne sommes en aucun cas habilités à les juger. Simplement à accepter ou non.

Ces hommes, au fond, n'ont fait preuve que d'humanité - bien que ce soit sa facette la plus sombre, elle est bien présente, et elle le restera longtemps, sinon pour toujours - : ils ont eu peur, ont voulu profiter de la vie, ou quelque chose comme cela. Cela ne nous concerne plus. Ce livre, cette œuvre, que l'on apprécie, elle est le fruit d'un esprit qui avait en lui autant de "bon" que de "mauvais" (je caricature, nous sommes tous une nuance de gris, nous sommes des Âmes grises (P. Claudel), une belle nuance de gris, plus ou moins proche du noir ou du blanc. Même si je préfère dire que nous avons des couleurs. Mais j'en ai déjà parlé), alors... Profitons de l'Art.

Et offrons à ces hommes une seule chose. Un tout petit rien. Parce que c'est la moindre des choses de la part de "ceux qui sont nés ensuite" (Die Nachgeborenen (B. Brecht)), des successeurs sur Terre, qui n'ont pas à juger leurs prédécesseurs :

Pensons à eux
Avec Indulgence

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