dimanche 25 août 2013

Musique et pensées : Différences




Ne me dites pas que ce garçon était fou
Il ne vivait pas comme les autres, c'est tout
Et pour quelles raisons étranges
Les gens qui ne sont pas comme nous,
Ça nous dérange

Ne me dites pas que ce garçon ne valait rien
Il avait choisi un autre chemin
Et pour quelles raisons étranges
Les gens qui pensent autrement
Ça nous dérange

(France Gall et Michel Berger, Il jouait du piano debout)

Ça, c'était la petite introduction, pour se mettre dans le bain. Comme souvent, les chansons que j'écoute me font réfléchir (d'où le titre). Aujourd'hui, j'ai choisi celle-ci. Parce que tout le monde la connaît, et qu'elle correspond bien à mes préoccupations du moment.

Surtout parce que tout le monde la connaît. Et que, bien que les paroles soient dans toutes les têtes, je trouve que certains sont bien hypocrites de la chanter le sourire au lèvres. Non parce que, ça ne gêne personne, qu'il joue du piano debout. Mais quand on se met à avoir les cheveux roses, ou d'une longueur hors "norme" pour son sexe (courts pour les filles, longs pour les garçons), quand on a un style vestimentaire différent des acceptations sociales, ou toute autre différence, esthétique ou comportementale, on commence doucement (non, je rigole, pas doucement du tout), à récolter des quolibets. Incessants. Blessants.

"On dirait Barbie."
"Garçon manqué !"
"Ça fait efféminé..."
Et l'immanquable "Tu veux te faire violer ?" avec un grand sourire sur le visage.

Contrairement à ce qu'on pourrait penser, j'ai déjà été témoin de ces phrases. Et j'ai été (si souvent *soupir*) victime de la troisième. Oui, j'ai les cheveux longs. Et c'est pas facile tous les jours. Mais c'est pas de ça dont je vais parler aujourd'hui. Ni du slutshaming. Parce que certains (coucou Decay !) l'ont déjà fait de manière que je considère relativement satisfaisante.
Je vais parler de TOUTES les différences. Oui, c'est large comme sujet. Mais voyez-vous, j'en ai simplement assez que l'on pointe le moindre "défaut" (entendons-nous bien, on parle là d'un défaut qui n'en est, le plus souvent, pas un, il est simplement plus ou moins vu par la société comme tel), tout ce qui ne rentre pas dans le "moule social" préfabriqué pour chacun de nous. Le même. (Ah non, excusez-moi : il y en a un pour les hommes, et un autre pour les femmes. Parce, "il faudrait voir à ne pas exagérer, les femmes et les hommes, c'est fondamentalement différent". *soupir*)
En fait, ce que je ne comprends pas, c'est Pourquoi ? Pourquoi faut-il montrer du doigt tout ça ? Est-ce que vous êtes jaloux qu'elle ait les cheveux roses et pas vous ? Que j'aie les cheveux longs et pas vous ?
Ou bien avez-vous décrété que toute différence était disgracieuse ou déplacée ? Parce que, dans ce cas, ma question est la suivante : est-ce vraiment votre propre avis ? Ou bien est-il le fruit d'un long formatage par votre environnement ?

La Différence, vous savez ce que c'est, n'est-ce pas ? C'est ce petit trésor qui permet la diversité. La diversité, elle nous donne tous les livres de la bibliothèque, les genres musicaux divers et variés, les différents chercheurs, politiciens, philosophes, professeurs, scientifiques, penseurs en tous genres, qui font avancer le monde.
En d'autres termes, sans la diversité, pas de Victor Hugo, de Baudelaire, de Rimbaud, de Harry Potter. Pas de Diam's, de Nightwish, de Lady Gaga, d'Adele. Pas d'Einstein, de Pythagore, de Nietzsche... Pas d'école... Pas de science... Pas d'ordinateur, pas d'internet. Je continue ?

"Il n'y a que pour la musique, qu'il était patriote.
Il serait mort au champ d'honneur, pour quelques notes.
(France Gall et Michel Berger, Il jouait du piano debout)

Ce qu'il faut retenir, c'est que la différence est source de progrès, de pensée multiple et donc de démocratie. Vous savez comment ça s'appelle, quand une seule et unique façon de penser est imposée à tout un état, n'est-ce pas ? Rejeter les différences, c'est automatiquement conduire vers un régime de type autoritaire, dictatorial et de propagande. Inutile de citer 1933, n'est-ce pas ? En fait, si, on va le citer. Parce que, quand même, on est dans une situation un peu identique. Rien qu'un peu. Un tout petit peu minuscule de rien du tout.

Petit topo : crise de 1929, instabilité économique. Ce qui provoque la peur, on fait tout pour ne pas couler, on défend chèrement sa vie (et tant pis si le voisin meurt de faim à côté). Et bien sûr, tout ce qui est différent, extérieur, étranger, est alors perçu comme une menace (bah oui, c'est à cause d'eux, la crise, après tout, puisque c'est pas à cause de nous *soupir*). On rejette, on protège son pays à tout prix. Nationalisme. Et on vote pour ceux qui ont ces idées-là. 1933, les élections allemandes. Hitler est élu. Vous connaissez la suite.
Maintenant, revenons au présent. Tiens, c'est la crise économique, et ça dure... Vous voyez où je veux en venir ? On risque de retomber dans le même piège qu'il y a 80 ans (parce qu'il faut arrêter, les allemands n'étaient pas les seuls nationalistes, à cette époque. Dois-je parler de Pétain ? Des colonies françaises et anglaises ? Bref). Tout ça pour dire que j'ai l'impression de voir l'histoire se répéter, et que ça me fait peur. Parce qu'en plus, je le vis. Et que je peux quelque chose pour empêcher ça.

Alors je le dis, je me battrai contre ça. Parce que oui, tout ces engrenages de violence et de haine, ça commence à petite échelle, quand on se moque des disparités, dans un climat de peur et d'angoisse, qui crée une atmosphère haineuse. Sauf qu'on n'est pas obligés d'y succomber, à ce climat. On peut respirer, réfléchir quelques secondes, et se dire que la différence de l'autre n'est qu'une différence, et qu'elle ne nous met aucunement en danger. Que la différence, c'est naturel, parce que notre patrimoine génétique, d'une part, et notre environnement complet, de l'autre, ne sont pas pas et ne pourront jamais être en tous points identiques, et que, par conséquent, dénigrer les différences, c'est refuser d'admettre que nous sommes tous différents par définition. Et que, si certaines différences sont choisies (voire parfaitement assumées), d'autres ne le sont pas. Et parfois pas assumées. Que le souligner, dans le dernier cas, peut blesser. Or, "La liberté consiste à faire tout ce qui ne nuit pas à autrui" (Déclaration des Droits de l'Homme, Article IV). Ça s'appelle le respect.

Ce que j'aimerais, donc, c'est que chacun accepte ces faits, et laisse les autres être ce qu'ils veulent être. Ce qu'ils sont vraiment au fond d'eux. Sans qu'ils soient constamment la cible de réprimandes, d'insultes, de remarques désobligeantes. Et ce, quoi qu'ils veuillent être. Quels que soient leur orientation sexuelles et leur genre vécu, leurs goûts vestimentaires, leurs pensées ou leur apparence physique. Quels qu'ils soient sous quelque angle que ce soit.

"Il voulait être lui, vous comprenez."
(France Gall et Michel Berger, Il jouait du piano debout)

On parle de "ton prochain". D'un être humain, comme toi. De quelqu'un de vivant, avec des émotions, des joies, des tristesses, avec de l'amour, parfois. Et avec de la douleur. Et ça, je trouve qu'on l'oublie trop souvent. Les autres aussi, souffrent.

"Lui et son piano, ils pleuraient quelquefois,
Mais c'est quand les autres n'étaient pas là."
(France Gall et Michel Berger, Il jouait du piano debout)

Et en plus, ça n'apporte rien, les moqueries, remarques, insultes. Croyez-moi, ce n'est pas en déversant de la haine sur les autres qu'on s'épanouit. Parce que les autres, ils ne passeront pas leur vie avec nous. Ils ne vous dicteront pas votre conduite. Laissons les autres mener leur barque comme ils l'entendent, et trouvons notre propre chemin. Parce qu'il n'y a jamais qu'une seule place, dans la barque de la vie. Et jamais qu'un seul voyage. Il vaudrait mieux en profiter, non ?

"Ça veut dire essaie de vivre,
Essaie d'être heureux,
Ça vaut le coup. "
(France Gall et Michel Berger, Il jouait du piano debout)

3 commentaires:

  1. Oh mon dieu.
    En soi, je crois que cet article ne m'apportera pas grand chose étant donné que je suis d'accord avec toi absolument en tous points. Mais je serais curieuse d'en voir l'effet sur quelqu'un d'intolérant dénigrant la valeur de la différence...
    Sincèrement, je crois n'avoir jamais lu un article sur ce sujet aussi bien écrit. Frappant, argumenté et convaincant, tout en étant agréable à lire, modéré et sincère.
    Je...ne sais même plus quoi dire, je m'incline.
    (J'en ai même perdu mes mots et ma capacité à analyser les dires.)

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  2. Merci :D (et là, je me retrouve comme Decay, à être nul en commentaires... Allez, on se motive :D)

    En fait, j'ai juste dit ce que je pensais, avec les exemples qui me venaient à l'esprit, quoi. ^_^ (Ce truc de 1929, ça fait longtemps que ça me trotte dans la tête, il fallait absolument que plus de gens sachent ça)

    Et entre nous, peut-être que quelqu'un, justement, d'intolérant, ne lira pas mon blog. M'enfin. Who knows ?

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  3. Oh mon dieu, merci pour l'article des Droits de l'Homme, je risque de la ressortir à quiconque osera me dire que l'insulte est une liberté.

    Et je viens de comprendre le sens de ton pseudo et je me sens satisfaite.

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