jeudi 29 août 2013

Le Rose et le Noir

Je me suis souvent dit que ma vie était noire. Toute noire. Il m'est arrivé de tellement perdre pied dans ma vie que j'en croyais être le plus malheureux du monde. Mais ça, tout le monde le croit. Bon, j'avais quand même un conflit parental qui a duré dans les douze ans (et c'est à peine s'il ne dure pas encore), une situation financière extrêmement délicate, des problèmes de rejet en environnement scolaire, mes proches qui ne sont pas proches du tout, et, plus récemment, la perte d'un proche (qui en fait n'est pas si proche que ça, mais j'ai pleuré, et beaucoup, et je pleure rarement), puis des problèmes d'amour. Bref pas tout rose. (et là, je viens d'expliquer mon titre, parfait.)
Sauf que. Je ne suis pas le plus malheureux du monde. L'autre jour, je me suis dit ça. Et je n'ai pas été pris de ce bonheur sadique que j'ai pu, il y a longtemps, ressentir (vous savez, ce "il y en a qui souffrent plus que moi, je suis heureux en fait ! cool). Non, ce que j'ai ressenti, c'était le Devoir. Le devoir de ne pas me lamenter alors que d'autres gens avaient une vie bien plus sombre que la mienne. Le devoir de voir le bon côté des choses, par solidarité, parce que certains ne peuvent pas, certains ont raison de voir la vie en noir. Pas moi. (Il y a un autre Devoir, bien plus important, que je détaillerai plus bas.)
Ce à quoi on m'a répondu "Oui, mais, ce n'est pas parce que tes soucis sont moins importants qu'ils ne sont pas importants." Ce qui m'a permis d'épancher mes pleurs et de positiver un peu (parce que la technique précédente ne fonctionnait pas vraiment). D'ailleurs, je ne sais toujours pas pourquoi, la bonne humeur d'Amaranth (c'est elle qui m'a donné ce conseil et m'a écouté quand j'allais pas bien) (non, en fait, à chaque fois que j'allais pas bien) (et son blog respire sa bonne humeur) (de la pub ? où ça ?), est toujours communicative, finit toujours par me donner le sourire et me faire positiver.
Depuis, je suis convaincu que ma vie est plutôt rose. J'ai remercié mon père pour prendre autant soin de moi, et m'éduquer d'une telle manière que, actuellement, je suis en train de devenir une personne que j'apprécie être. J'ai pris conscience que malgré les petites tâches sombres au tableau, ma vie était plutôt agréable et tranquille, et que je n'avais - et n'ai toujours pas - à me plaindre.

Mais voilà. Tout n'est pas Rose ou Noir. Ou, pour reprendre les couleurs traditionnelle du manichéisme, tout n'est pas blanc et noir. Il y a le gris, aussi, avec toutes ses nuances. Mais pas seulement. Il y a également toutes les couleurs. Du cyan au fuchsia, en passant par le magenta, le vert, le rouge, le jaune, le turquoise, l'indigo, le rose, le marron, le bleu... Il existe une infinité de couleurs.
C'est pourquoi j'ai fini par conclure que ma vie était bleue. Parfois plus claire, tirant sur le cyan, parfois plus sombre, tirant sur le bleu roi.

Et finalement, il n'y a pas de "plus malheureux de la Terre". Déjà parce que notre vie est changeante, comporte des hauts et des bas, et ensuite, parce que, d'un bleu foncé et d'un violet foncé, sauriez-vous me dire quel est le plus sombre ?
De là, je lance mon raisonnement. Arrêtons donc de comparer nos malheurs, ça ne sert à rien. Il y aura toujours plus mal que soi, et mieux que soi.
Mais attention. Ce n'est pas pour cela qu'il faut s'en contenter, voyez-vous. De même que l'on peut changer la luminosité d'une couleur, la rendant plus claire, on pourra réduire les inégalités du plus possible afin de rendre la vie de chacun meilleure. C'est cela le Devoir que j'ai ressenti. C'est à cela qu'il faut aspirer. Des couleurs claires et brillantes partout. Des sourires sur tous les visages.

Et à ceux qui vous diront, que l'on ne pourra jamais atteindre l'égalité parfaite, que de toutes façons, le faire tuerait la diversité, et que, par conséquent, le combat est donc vain et perdu d'avance, vous leur répondrez ceci :

Il faut imaginer un tableau carré. Horizontalement se succèdent toutes les couleurs du spectre lumineux. Verticalement, c'est la luminosité qui change. En haut le blanc, perfection inaccessible, en bas, le noir, malheur profond tout aussi inaccessible. C'est un dégradé. On peut tendre vers le blanc, mais sans jamais l'atteindre. Une fois que l'on sera tous au même niveau de clarté, à ce niveau où nous seront tous heureux, pensez-vous qu'il n'y aura plus de différences entre un jaune et un vert clairs ? La diversité n'est étouffée en aucune manière. Nous nous efforçons simplement de rendre les gens heureux par l'égalité, en conservant et en mettant en valeur leurs différences.

2 commentaires:

  1. J'aime beaucoup ton raisonnement et ta métaphore, j'avoue que même si je suis d'accord avec toi je ne l'avais jamais envisagé exactement sous cet angle là. L'important est de réussir à être heureux avec ce qu'on a même lorsqu'on a moins que d'autre, mais d'avoir aussi le droit au spleen (pour ne pas perdre la tête) même si d'autres ont une pire situation que la notre. Bref, j'aime ce que tu dis ! :D
    Et merci pour la pub #Ü#

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  2. Merci :) Ben, la diversité sert à ça : la diversité des points de vue. Bref merci :D
    Et de rien x)

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