dimanche 26 octobre 2014

Végétarisme, végétalisme, éthique alimentaire et générale

Il y a peu de temps, il y a deux mois, je suis devenu végétarien. Entre-temps, j'ai eu le temps d'expérimenter ce que ça signifie vraiment au quotidien. J'ai donc quelques remarques à livrer.

I. Végétarisme

Tout d'abord, on m'a beaucoup demandé pourquoi devenir végétarien. Je réponds usuellement selon trois pôles qui me semblent tous aussi importants :
-Éthique : Pour ne pas tuer d'animaux qui peuvent être dotés d'un système nerveux, et donc souffrir, sachant qu'en tant qu'être humain, j'ai le choix de le faire ou non.
-Écologie : Parce que la production de viande a un impact écologique non-négligeable. Si la production de végétaux en a également, elle en a moins, et pour produire de la viande, il faut de toute façon des végétaux.
-Santé : Quand on est végétarien, on fait attention à ce qu'on mange, à avoir suffisamment d'apports en tout ce dont on a besoin (on est obligé). Donc on mange, forcément soit aussi bien, soit mieux. Et la consommation de viande en trop grande quantité conduit souvent à un excédent protéinique contraire à la santé du corps.
D'autres pôles se révèlent, en pratique, des arguments non-négligeables :
-Économie : C'est tout de même moins cher d'acheter des légumes que de la viande.
-Gastronomie : On est souvent poussé (comme vous allez le voir dans le point suivant) à acheter plutôt des produits "bruts" (ail et oignons frais, lentilles séchées et non en conserves, etc.), ce qui pousse donc à cuisiner soi-même, et il va sans dire que c'est meilleur. Et que ça donne une plus grande satisfaction personnelle.
-Citoyenneté : On fait attention, par la force des choses, aux composants des aliments que l'on achète. Cela a pour conséquence le point précédent, mais aussi une augmentation de l'attention portée à la nature de ce que l'on consomme. Que sont exactement ces E440, etc. ? Le colorant E120, par exemple, est issu de la cochenille. Un insecte. Le E441, c'est de la gélatine, etc.

II. Végétalisme

La raison pour laquelle je ne prévois pas, actuellement, de devenir végétalien, est la suivante : j'ai conscience de toutes les atrocités qui sont commises pour produire du lait (traite brutale, etc.), ou pour produire des œufs (tri des poussins et broyage de la plupart des mâles). Mais la différence avec la consommation de viande est la suivante : pour consommer de la viande, il est nécessaire de tuer. Or, pour consommer du lait et des œufs, commettre les atrocités sus-citées est contingent. On peut largement l'éviter, donc mon projet n'est pas de refuser de consommer ces produits provenant d'animaux, mais simplement de m'assurer que l'exploitation desdits animaux est faite dans le respect et l'amitié. Ce qui se produit parfois dans les petites fermes. Alors que jamais je n'obtiendrai d'un animal que je mangerais qu'il ne meure pas pendant le processus. D'où la distinction, à mon sens, nécessaire.

III. Éthique alimentaire et générale

De la conclusion des parties I et II, on peut déduire que le végétarisme, au moins dans l'acception que j'en ai, est un choix éthique, c'est-à-dire qu'il constitue une application de la raison et de l'entendement à mes actes afin d'avoir connaissance du caractère bon ou mauvais de ce que je fais (je n'ai pas parlé de Bien ni de Mal, mais de bon et de mauvais, ce qui sous-entend bon ou mauvais pour moi-même ou pour la société).
Ainsi, le végétarisme ne saurait, selon moi, se résumer au refus de consommer de la viande, comme le végétalisme au refus de consommer des produits d'origine animale. (Profitons-en, d'ailleurs, pour rappeler que, lorsque le végétarisme est un choix, il en va de même pour son application, et jamais cela n'est vécu réellement comme une privation ni une obligation, mais bien comme une décision. C'est pourquoi j'aimerai que, lorsqu'on oublie que je suis végétarien, et que l'on s'exclame "Ah, non, c'est vrai ! Toi, tu ne peux pas en manger...", on dise plutôt : "tu ne veux pas en manger".)
C'est parce que ce sont des choix éthiques qu'ils ne peuvent être bornés à la seule consommation, selon moi. Je crois plutôt qu'ils devraient s'inscrire dans une réflexion plus large, qui mène naturellement à refuser également de se nourrir de produits ne respectant pas les humains pendant leur production, de ne pas cautionner les grandes industries qui, en plus de créer des produits végétariens, s'occupent de leurs plats aux fruits de mers, poissons et/ou viandes en tous genres, de ne pas non plus acheter des vêtements issus de l'exploitation d'humains ou d'animaux, colorés par des produits aussi honteusement fabriqués, etc.
C'est, évidemment, complexe, et la société dans laquelle nous sommes ne nous aide pas à être vraiment éthiques (malgré les "comités éthiques" affichés des grandes entreprises...), mais nous pouvons, comme le montre l'exemple du végétarisme, nous libérer au moins partiellement de cette emprise. S'en libérer sous bien des points, c'est vraiment long, mais ce n'est pas impossible, et dire que c'est impossible ou trop long, c'est abandonner, c'est renoncer avant d'avoir essayé à ses droits de citoyen, c'est surtout accepter en silence l'état de notre monde actuel.

"Celui qui n'essaie pas ne se trompe qu'une seule fois."
Véronique Sanson, 7ème.

Que l'on se comprenne bien. Je ne critique pas ceux qui ne sont pas végétariens, ceux qui ne consomment pas comme je le trouverais bon (et je ne critique surtout pas les végétaliens, en partie II). Je souhaite simplement montrer qu'un comportement éthique à de nombreux égards est possible. Il y a par ailleurs, sûrement, plusieurs moyens d'être éthique. Simplement, je vous en prie, prenez en compte ceci. Ce n'est qu'ensemble que l'on peut construire une économie soutenable, que l'on peut entretenir des relations humaines à tout instant, que l'on peut faire changer le Bien qu'on nous impose en un souverain bon, fondé uniquement par une connaissance adéquate de nous-mêmes et de l'univers.

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