lundi 20 janvier 2014

Les handicapés, les banlieusards, et autres "les"...

Je ne sais pas vous, mais moi, quand j'entends des appellations telles que "les handicapés", "les banlieusards", "les aveugles/sourds/muets", "les vieux", "les jeunes", "les blancs", "les noirs" "les riches" (que pourtant, bien malgré moi, j'utilise), cela me hérisse un peu le poil. En fait, je trouve ça réellement irrespectueux, et au final, je me retrouve à être blessé pour les autres. Et, aussi, pour moi-même, quand ça m'arrive. 

Je m'explique : cette construction tient en la substantivation d'adjectifs. Et comme les adjectifs deviennent noms, dans la structure de la phrase, les adjectifs deviennent le noyau qui fait sens. Sauf que voilà, un adjectif, normalement, ça qualifie un nom. Mais là, non. Le nom, c'est l'adjectif. Pas bien grave, me direz-vous : c'est une pure et ennuyeuse affaire de grammaire. Mais pas du tout. Tout le danger de cette utilisation réside dans le biais mental qu'elle peut impliquer. Un adjectif, ce n'est pas un nom, comme une caractéristique n'est pas la personne qui l'a.

Considérons aussi la dimension péjorative que la plupart prennent ou peuvent prendre, quelquefois : "les jeunes", "les vieux", "les noirs", "les blancs" en sont des exemples flagrants. Mais j'ai, pour ma part, l'impression qu'ils le deviennent tous plus ou moins.

C'est pourquoi, simplement, et juste afin de ne pas blesser autrui (parce que réduire autrui à une caractéristique, c'est blessant, encore plus si celle-ci est vue péjorativement), je propose que nous pensions, tout simplement, à moins utiliser ces termes, de moins en moins, pour, à terme, ne plus les utiliser du tout. Et au fond, c'est simple. En ayant horreur pour ceux dont je me rend compte qu'il s'agit d'adjectifs substantivés, je me reprends toujours ou m'exprime spontanément en ajoutant le nom "personne".

Une personne âgée. Une jeune personne. Une personne handicapée. Une personne à la peau noire/blanche/jaune/etc. Et ce, uniquement si la distinction fait sens.

En fait, rajouter le terme personne n'est pas du simple "politiquement correct". C'est simplement ajouter dans son expression, dans son langage, un terme qui prend en compte toute l'humanité de la personne considérée, avec ses émotions, ses amours, ses tristesses, avec sa sensibilité, avec sa raison, avec tout ce qui fait d'elle, finalement, un être humain pensant et ressentant. Et plus seulement un objet dans une phrase désigné par un de ses traits...

Je pense réellement que se corriger sur ce genre de tournures, même si c'est un peu difficile, cela peut rendre nos relations à l'autre beaucoup, beaucoup plus agréables, parce que plus respectueuses...

8 commentaires:

  1. Je viens de me rendre compte que j'utilisai jamais un adjectif à la place d'un nom. Sauf pour parler des gens homophobes, racistes et autres joyeuseté. Mais même pour parler
    de ce type de personne (dont je suis loin d'être fan), je ne devrais pas l'employer. Parce que comment on peut oser demander le respect si on ne respecte pas les autres ?
    'fin bref, merci pour la prise de conscience.
    (oh, de l'italique)

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  2. Ouais, je me suis rendu compte de la même chose, en fait. Et "Respect : Give it to get it", ça m'a semblé très vrai. Du coup, aujourd'hui, j'ai dit "les personnes fortunées". ^^ J'étais content ^^
    De rien ^^"
    (ouiii <3)

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  3. Je viens de me rendre compte que j'utilisais aussi ça. Mais avec culpabilité. Quand je dit "les noirs", je trouve que quelque chose cloche. Car une personne à la peau noir (t'as vu je fais attention maintenant :) ) n'est pas seulement de peau foncé. Cette personne a d'autres caractéristiques. Merci de m'avoir aidé à mettre le doigt sur ce qu'il me gênait.

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    1. Je suis tout pareil, mais du coup je fais tout pour éviter de dire "les noirs", et au final, je ne le dis plus. De rien ^^
      (D'ailleurs, on pourrait revenir sur le mot "noir" qui n'est pas approprié... Mais ça n'a pas grand intérêt)

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  4. Eh bah moi, je suis d'avis inverse. Quand je dis "un noir", je sais pertinemment que je ne suis pas raciste et qu'il n'y a aucune discrimination dans ce que je viens de dire. Le mot "personne" est sous entendu. Je pense qu'il faudrait non pas "régresser" en prohibant les adjectifs nom-isés, mais plutôt les accepter pour ce qu'ils sont : une simple ellipse du mot "personne", mais qui le sous entend, ni plus ni moins. Aucune connotation.

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    1. Je ne suis pas d'accord avec ça. Parce que ça suppose qu'aucun de ceux avec qui tu communiques n'y entend de sous-entendu. Il n'y a pas que toi-même qui dois changer ta façon de voir le mot, mais tout le monde, et comme tout le monde ne peut pas changer, tu changes de mot. Par respect et par sécurité. De plus, il ne s'agit PAS d'une régression, il s'agit juste d'une réhabilitation d'une langue plus correcte.

      Et, "substantivé", s'il te plaît :x

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    2. Si je dis nom-isé, on comprend pareil 8D
      Si, c'est une régression dans le sens ou les adjectifs nom-isés (nananère) c'est quand même bien pratique, et qu'on retourne en arrière à l'époque de quand ils n'éexistaient pas en refusant de les utiliser (même si ça peut être juste parce que qu'on aime bien^^).
      Pour le problème de la communication : ben déjà je parle avec des gens qui me connaissent et qui savent que je ne suis pas discriminatrice. Quand c'est avec quelqu'un que je ne connais pas, je prend des précautions oratoires automatiquement.
      De plus, faire ça, c'est comme le principe de l'uniforme : c'est cacher le problème, pas le résoudre. La vraie solution n'est pas de changer notre langage mais de changer les mentalités intolérantes. Je me refuse à changer ma façon de parler pour des racistes et compagnie.

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    3. Je reconnais être puriste des mots...
      Si on veut.
      Mais tu ne parlerais pas toute ta vie avec uniquement des gens qui te connaissent. Et si tu prends des précautions oratoires, alors tant mieux pour toi, mais le but de l'article était de proposer une précaution oratoire en la désubstantivation des adjectifs.
      Certes. Mais c'est déjà ça, au moins. Parce que les mentalités ne changent pas si facilement, alors que le langage, déjà plus. Et si le langage est respectueux, souvent, le comportement suivra ^^

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