dimanche 10 novembre 2013

Musique et Pensées (2) : Song Of Myself

Bon, ceci ne sera pas un "vrai" article, dans le sens où il ne traitera pas d'un seul et unique sujet. Ce sera plutôt une suite de petites pensées lancées les unes à la suite des autres. Tout d'abord :

Song Of Myself - Nightwish

"I see a slow, simple youngster by a busy street,
With a begging bowl in his shaking hand.
Trying to smile but hurting infinitely. Nobody notices.
I do, but walk by.
"

Je vois un lent, simple jeune homme dans une rue très fréquentée
Avec une sébile dans sa main tremblante.
Essayant de sourire mais souffrant infiniment. Personne ne le remarque.
Moi si, mais je continue mon chemin.

Voilà qui va me permettre de parler d'un sujet dont je voulais parler il y a très, très longtemps. Les mendiants. À chaque fois que je vais sur Paris, parfois même en allant au lycée, dans la rue ou dans le train, j'en rencontre. Moi aussi, je les remarque. Toujours. À chaque fois, c'est un pincement au cœur. Parce que, même si je ne sais pas ce que c'est, il faut une bonne dose de courage pour mettre sa dignité de côté comme ils le font. Du courage, ou une nécessité absolue.
J'aimerais bien leur donner. Mais en ce moment, je ne peux pas me permettre de dépenser l'argent qui ne vient pas de moi, mais de mes parents. Quand j'en aurai par moi-même, je donnerai certainement.
On dit des mendiants qu'ils pourraient chercher un travail, vendre des breloques, etc. Je pense que, s'ils ne le font pas, c'est qu'ils ne peuvent vraiment pas. Je pense que mendier, c'est vraiment la dernière chose qu'on a envie de faire, et que quoiqu'on puisse faire d'autre, on le préfère à mendier.
On dit aussi que, si l'argent donné sert à payer des cigarettes ou des bouteilles, cela ne sert pas. Je ne suis qu'en partie d'accord avec cet argument. Disons qu'ils auront plus de mal à s'en sortir. Mais il faut arrêter de voir le mal partout et peut-être ouvrir un peu les yeux. Ces gens ont une vie, parfois une famille, j'entends, quelqu'un qu'ils aiment, et des enfants. Ou même n'importe qui à qui ils tiennent. Et je pense que personne n'est prêt à laisser passer les cigarettes avant la vie de ses enfants, ses amis, son compagnon/sa compagne, et certainement pas avant sa propre vie (Bien qu'en fumant, on la condamne indirectement, certes. Je ne crois pas que ça rentre vraiment en compte.). Ces personnes, ces êtres humains ont besoin de manger. L'argent ira d'abord aux vivres et aux autres besoins indispensables. Certes, ensuite, il en restera moins pour s'en sortir s'ils achètent des cigarettes. Mais leur avoir donné leur aura au moins permis de manger.
On dit enfin que ces compagnons/compagnes, ces enfants, ces situations désastreuses dans lesquelles ils sont pures inventions dans le but de nous attendrir. Croyez-vous vraiment, encore une fois, qu'ils iraient s'inventer de telles histoires simplement pour vous arnaquer, vous soutirer de l'argent alors qu'ils n'en ont pas besoin ? Encore une fois, c'est une question de dignité. Je ne crois pas que quiconque soit prêt à faire ça pour gagner de l'argent s'il n'en a pas réellement besoin, et s'il n'y est pas contraint. À partir de là, qui se soucie de savoir si leurs histoires sont vraies ? Ils ont besoin d'être aidés, et d'attendrir des passants. D'autres êtres humains. Mais des êtres humains qui vivent dans une société de plus en plus individualiste et élitiste. Pour qui ces gens sont presque des déchets qui n'ont rien à faire dans leurs villes. Je suis désolé. Ce sont des humains au même titre que vous. La société est plus forte avec tous ses éléments. L'être humain, je le dis, le répète, et ne cesserai de le répéter, est un animal social. Alors aidons. Ça coûte, au pire, 10€ par mois. Autant dire : rien, pour qui travaille. Pour eux, c'est leur moyen de survivre.


"An obese girl enters an elevator with me.
All dressed up fancy, a green butterfly on her neck.
Terribly sweet perfume deafens me.
She's going to dinner alone.
That makes her even more beautiful.
"

Une jeune fille obèse entre dans un ascenseur avec moi.
Toute habillée élégamment et chic, un papillon vert sur son cou.
Un parfum terriblement doux m'assourdit.
Elle va dîner seule.
Cela la rend même plus magnifique encore.

Bon, faisons tout d'abord une référence à Decay : Rondes, je vous embrasse tout le corps.
Elle développe parfaitement le sujet. Je suis parfaitement d'accord avec elle. Et j'irai même plus loin. Rien à faire. Il y en a assez que les gens soient répertoriés et jugés selon leur physique. Assez. Chacun a le droit de ne pas apprécier le physique de telle ou telle autre personne. Mais personne n'a le droit de le dire ouvertement. Parce que le faire constitue une atteinte à la dignité et à l'honneur, d'un point de vue juridique. Et, d'un point de vue humain, parce que ça fait souffrir. L'avis qu'une personne a sur une autre n'intéresse que cette personne et la ou les personnes qui le lui demandent. Dans les autres cas, chacun doit respecter les autres, que leur apparence (ou leurs traits de caractère, ou quelque autre caractéristique que ce soit) plaise ou non, et qu'elle soit choisie ou non. Qu'importe. Personne n'a à blesser un autre.

"How can you "just be yourself"
When you don't know who you are?
Stop saying "I know how you feel"
How could anyone know how another feels?
"

Comment pouvez-vous "juste être vous-mêmes"
Quand vous ne savez pas quoi vous êtes ?
Arrêtez de dire "je sais ce que vous ressentez"
Comment qui que ce soit pourrait savoir ce qu'un autre ressent ?

Je n'ai rien à dire de plus. Je souhaitais simplement citer ça.

"Who am I to judge a priest, beggar,
Whore, politician, wrongdoer?
"

Qui suis-je pour juger un prêtre, un mendiant
Une prostituée, un politicien, un malfaiteur ?

La question est extrêmement bien posée. En fait, personne n'est habilité à juger personne. Parce que nous sommes tous égaux, déjà. Et parce que les raisons de chacun pour être qu'ils sont sont si complexes, nombreuses et subjectives que même une instance objective pourtant habilitée à juger peut se tromper. À partir du fait que nous ne soyons pas habilités à juger, que même si nous l'étions, nous risquerions de nous tromper, et qu'un jugement arbitraire blesse souvent, à partir de ces constatations, nous ne devons pas juger.

"I want to travel where life travels,
Following it's permanent lead.
Where the air tastes like snow music,
Where grass smells like fresh-born Eden,
I would pass no man, no stranger, no tragedy or rapture,
I would bathe in a world of sensation,
Love, goodness and simplicity.

(While violated and imprisoned by technology)


[...]

Dear child, stop working, go play
Forget every rule
There's no fear in a dream!
"

Je veux voyager où voyage la vie,
Suivant sa piste permanente.
Où l'air a le goût de la musique de neige,
Où l'herbe sent l'Éden fraîchement né,
Je ne croiserais aucun homme, aucun étranger, aucune tragédie ou extase,
Je me baignerais dans un monde de sensation,
Amour, bonté et simplicité.

(Alors que violé et emprisonné par la technologie)

[...]

Cher enfant, arrête de travailler, va jouer
Oublie toutes les règles
Il n'y a pas de peur dans un rêve !

Que dire de ces magnifiques strophes, sinon qu'elles reflètent un monde dont on veut s'échapper, tant il est peu agréable. L'écrivain de Nightwish, comme beaucoup, ces temps-ci, j'ai l'impression (et, d'ailleurs, c'est mon cas), préfère s'échapper dans ses rêves, dans un monde imaginaire. Un monde meilleur.

"Death is the winner in any war,
Nothing noble in dying for your religion,
For your country,
For ideology, for faith.
For another man, yes!
"

La mort est le vainqueur dans toute guerre,
Il n'y a rien de noble à mourir pour la religion,
Pour votre pays,
Pour l'idéologie, pour la foi.
Pour un autre homme, oui !

Source
Enfin quelqu'un de lucide sur la guerre. Le tempérament belliqueux de l'homme persiste encore et toujours, malgré tous les inconvénients que ça a. Malgré le fait que cela cause autant de souffrance dans les deux camps. On se fiche des morts de l'autre camp, on pleure ceux du sien. L'autre camp, c'est le mal incarné, ensuite, on raconte l'histoire de la manière qui nous arrange. On se bat et on meurt pour un tas de raisons.
Je n'irai pas aussi loin que Tuomas, l'auteur de ces paroles, mais je suis d'accord avec lui sur les points suivants :
-Mourir pour un autre être humain est noble (si celui-ci ne vous influence pas de telle manière que vous mouriez pour la religion, un pays, etc.)
-Il ne faut pas se battre physiquement pour la religion, un pays, etc. Cependant, je pense qu'il y a nécessité de défendre et surtout d'échanger ses idées, tant qu'aucune violence n'en découle.
-Je suis mitigé quant à mourir pour quelque chose. Je pense qu'il y a quelque chose de noble en mourir pour ses idées, pour faire avancer le monde (la pièce de Brecht, La Vie de Galilée, exprime bien ce dilemme : mourir et être martyr, mais rendre ses idées immortelles, ou survivre et risquer que ses idées disparaissent ?). Je pense que, parfois, mourir pour ses idées peut être une bonne chose. Tant que cela ne fait de mal à personne. ("Malheureux le pays qui a besoin d'un héros !", Brecht, La Vie de Galilée)

"Paper is dead without words,
Ink idle without a poem,
All the world dead without stories,
Without love and disarming beauty."

Le papier est mort sans les mots,
L'encre inutile sans un poème,
Tous les mots morts sans histoires,
Sans amour et beauté désarmante.

Je partage complètement cette idée de l'utilité des mots, et de la nécessité qu'ils expriment des histoires, chantent l'amour et la beauté. Pour moi, c'est la forme sublimée de la communication. Disons que dire que le papier et l'encre ne servent à rien sans cela est sans doute un moyen de dire que c'est une nécessité absolue que tout cela soit exprimé. Cependant, selon moi, il faut également que certains - pas tous, ceux qui veulent seulement - parlent de leurs idées, s'engagent. Je crois en avoir déjà parlé.

"Careless, realism costs souls. 

Ever seen the Lord smile?
All the care for the world made Beautiful a sad man?
Why do we still carry a device of torture around our necks?
Oh, how rotten your pre-apocalypse is,
All your bible-black fools living over nightmare ground.
"

Sans précaution, le réalisme coûte des âmes.

Déjà vu le Seigneur sourire ?
Tout le soin envers le monde rendit magnifique un vieil homme ?
Pourquoi portons-nous encore un instrument de torture autour de nos cous ?
Oh, combien ta pré-apocalypse est pourrie,
Tous tes fous vivant sur le sol du cauchemar.

Je pense que le premier vers est relié à son envie de s'en aller dans un meilleur monde, un monde imaginaire, parce que le vrai monde est trop douloureux, dur, cruel. Aussi, rester dans ce monde coûte des âmes. Qui en meurent. Ou de l'innocence, par exemple quand un proche d'un enfant meurt, on lui cache la vérité pour le protéger. (Merci Amaranth pour l'exemple !)
 
Quant au reste, je pense que cela montre l'inopérance de la religion face à un monde inconfortable, plein de tourments. Ce avec quoi je suis bien d'accord.

"I see all those empty cradles and wonder
If man will never change
."

Je vois tous ces berceaux vides et me demande
Si l'homme changera un jour.

Considérant tous les hommes à venir, l'humanité changera-t-elle un jour ? A-t-on vraiment une chance que le monde tourne mieux, que l'on se rapproche toujours plus d'une utopie, où tous seraient heureux ? J'y crois, j'ai foi en l'homme. Mais en considérant l'Homme tel qu'il est aujourd'hui, j'ai peur que cela mette beaucoup, beaucoup de temps. Non pas que je croie l'homme d'aujourd'hui fondamentalement mauvais. C'est la société, le monde dans lequel nous vivons, qui est en question.

"I, too, wish to be a decent manboy, but all I am
Is smoke and mirrors.
Still given everything, may I be deserving.
"

Moi aussi, je désire être un jeune homme décent, mais tout ce que je suis
Est fumée et des miroirs.
Ayant encore tout donné, je peux être méritant.

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