mercredi 20 novembre 2013

Lectures (1) - Brecht, Grand-Peur et Misère du IIIe Reich

Je me suis dit que faire un petit compte rendu de mes lecture, que j'ai toutes aimées, ne ferait pas de mal, et pourrait donner envie de lire, et me donner un prétexte, parfois, pour parler de certaines choses.
Je commence avec un livre que j'ai fini avant la rentrée, mais qui m'a énormément plus. Il s'agit de Grand-Peur et Misère du IIIe Reich (je vous avoue que le terme "grand-peur" est assez étrange, le terme en allemand est "crainte", celle que le régime inspire, donc).
Ce livre, composé exclusivement de petites scènes de théâtre, allant d'une demi-page à six ou sept pour certaines, est le reflet de la société allemande sous le régime hitlérien, de 1933 à 1938. Brecht commence sa rédaction dès 1933 et publie le tout par petits bouts montés notamment à Paris. Du Danemark, où il a été forcé de s'exiler dès l'arrivée au pouvoir d'Hitler, il se sert de témoignages ou d'articles de journaux pour rendre son propos plus réaliste. Son but est en effet de montrer la vérité, et à quel point l'Allemagne s'enracine peu à peu dans ce régime, gouvernée par la crainte. Aussi, lorsqu'il nomme ses personnages, pas de noms, seulement des titres, tels que "la jeune femme", "le travailleur" ou "le SA". Le désir de Brecht est en effet de montrer non pas que certains sont critiquables, dans ce régime, mais par le biais d'une généralisation due au nom générique, que c'est toute la société allemande qui est concernée.
Brecht a conçu son œuvre comme une parade militaire, et ainsi voit-on défiler, les uns à la suite des autres, dans un ordre plutôt chronologique, les différents membres du peuple allemand : des partisans d'Hitler qui fêtent sa victoire en 1933 aux résistants qui disent "NON !" en 1938, en passant par les physiciens, prisonniers des camps, familles, SA et SS, etc., on voit défiler toute une foule hétéroclite. C'est cette structure qui motivera le poème initial (voir pour cela mon article sur le sujet).
Les principales motivations de Brecht étaient certes la critique du régime, mais aussi - et ce très tôt, dès 1935, voire avant - de mettre en garde contre le risque de guerre...
Bref, Brecht était avant tout quelqu'un d'éclairé, et on verra, par la suite, qu'après la guerre, dans une époque confuse, désespérée, et nihiliste, il était, pour ainsi dire, le seul, à croire encore en l'homme, à porter un message idéaliste et optimiste. Mais j'aurai l'occasion d'y revenir.

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