mercredi 23 octobre 2013

La Liberté

Vaste programme.

(Cet article est en partie une réponse à celui-ci, de Decay)

Ça fait un moment que j'y réfléchis. La Liberté et ses implications. Parce qu'il n'y a aucun doute, l'homme est libre, indubitablement libre, condamné à être libre (comme le dit si bien Sartre dans L'Être et le Néant).
Mais voilà. Cette liberté doit coexister avec d'autres valeurs. En prenant les valeurs républicaines, les devises nationales, on peut en trouver quelques-unes. Égalité, d'abord, Fraternité, Justice, et d'autres, ensuite. Seulement, la liberté et l'égalité ont souvent bien du mal à coexister. Une égalité totale a l'air de priver de liberté (comme le montrait le régime soviétique), cependant, l'égalité n'y était pas vraiment totale, à cause des dirigeants, et de la dimension, comment dire ? peu démocratique de ce pays. Bref, on n'est pas là pour parler de ça. Simplement, l'égalité totale semble priver totalement de liberté, de même que - on le voit dans notre société actuelle - la liberté "totale" semble tendre vers une égalité inexistante.
Il faut donc trouver le bon dosage. On ne peut pas utiliser la liberté à outrance comme on le fait aujourd'hui. Trop d'inégalités, de souffrances, de tourments... On ne peut plus. Il faut des règles, des cadres, qui limitent la liberté. Je suis désolé, ce n'est décidément pas humain (Bon, modérons-nous, pour ceux qui le souhaiterons, disons que ce n'est pas "humaniste". Je pense le premier mot.) de vouloir égoïstement tout pour soi, et, par là, une liberté absolue. Pour une raison très, très simple. Les humains sont vivants, voyez-vous, et quelle que puisse être la capacité de choix et de raison de l'être humain, il restera vivant et programmé (C'est intéressant, n'est-ce pas, d'utiliser des termes de mécanique, c'est à dire, de créations de l'être humain, pour désigner des choses naturelles, n'est-ce pas ? Cela montre bien à quel point on s'approprie et on transforme la nature...) pour faire perdurer la vie. Et je suis désolé, faire mourir de faim, soif, froid, chaud, humidité, désespoir (si, si, je vous jure), maladies, défaut de soins, effort (Vous voyez, les causes sont multiples, que l'on n'aille pas me dire, ensuite "oui mais, ceux qui meurent son marginaux". Non quiconque est à la rue, sans argent, sans toit ou sans possibilité de se faire soigner, quiconque se tue à l'effort pour gagner à peine de quoi faire survivre ses enfants quand d'autres n'ont pas à travailler pour vivre, et vous savez aussi bien que moi que ce n'est pas rare, eh bien, ces gens-là sont soumis à un risque bien plus élevé de mort. Sans compter leur espérance de vie bien plus courte...), ce n'est définitivement pas compatible avec le but premier de la vie. Et, en passant, avec aucune règle de morale de l'humanité entière. L'homme est un animal social, mince ! Ne nous rendons-nous pas compte qu'en laissant la société comme elle est, on la condamne à s'appauvrir toujours plus, perdant le potentiel de tous ces gens qui n'auront jamais pu le développé, perdant la richesse qu'ils auraient pu créer, par le simple fait de leur présence ? Ne nous rendons-nous pas compte que l'on en revient à des comportements dont l'homme sait et peut se libérer (contrairement à celui de maintenir la vie) : les "plus forts" écrasent les "plus faibles". Sauf que, contrairement à la sélection naturelle, ce n'est pas une bonne chose (quoique même pour la sélection naturelle, ça se discute). On perd toutes ces vies, et les seuls qui survivent sont ceux qui ont de l'argent. Mais mes amis, que feront-ils, lorsqu'il n'y aura plus qu'eux, et qu'ils n'auront pas le savoir nécessaire pour entretenir la machine complexe que composent toutes les infrastructures humaines ? Je doute qu'une petite élite de fortunés sache s'occuper de tous les réacteurs nucléaires, éoliennes, machines de montage... Il faut toute une humanité pour le faire. Mais bon, je m'éloigne un peu du sujet.
Un dernier argument. L'humain, en tant qu'être vivant - et les philosophes, comme Épicure, l'ont assez rappelé - a pour vocation première (disons que c'est une de ses vocations premières) d'éviter la douleur. Pour ce qui est des animaux sociaux, tels que les fourmis, abeilles etc., il s'agit également d'éviter la douleur à tous ses membres afin d'assurer le bon fonctionnement du groupe. Vous saisissez où je veux en venir ? Oui, tout à fait. Nous aussi. Et pourtant, on se fiche bien de savoir si notre action va faire souffrir telle ou telle personne. Et on condamne ainsi la société à ne pas fonctionner correctement, ou, du moins, pas à son plein potentiel. Nous pourrions être tellement plus que cela. Tellement plus que des humains courant après l'argent, travaillant toute leur vie pour la gagner. Pour avoir le droit de la vivre. Nous pourrions être une société égalitaire, chacun apportant une parcelle unique et vitale au groupe. Nous pourrions être une société ou nul n'aurait besoin de voler, car tout le monde aurait sa place. Nous pourrions être une société où chacun philosophe, poétise, fait de l'art, de la politique, nous pourrions être une société qui exalte ces "spécificités" de l'être humain qui découlent de sa raison. Nous pourrions... Mais c'est une utopie, n'est-ce pas ? Alors on ne tente même pas. On n'essaie même pas. Dommage. Très dommage.

Oh, je ne généralise pas, je ne dis pas que tout le monde fait comme je le décris dans l'article. Simplement que... personne ne devrait. Je dis que des limites à la liberté sont dans la société, comme dans l'art, créatrices de richesse (la contrainte dans l'art est l'un de ses principaux moteurs). Alors il faut des règles. Il n'y a pas le choix. Et d'ailleurs, ça ne coûte pas grand-chose. Simplement, prendre en compte son semblable, j'irai même jusqu'à utiliser le terme allemand : Mitmensch. C'est à dire, littéralement, l'humain avec qui on vit. Faire comme le dit l'article IV de la déclaration des droits de l'homme et du citoyen (DDHC), comme l'article XII, et d'ailleurs, comme tous les articles et maximes humanistes. Parce que voyez-vous, l'humanisme, c'est simplement vouloir le mieux pour tout le monde. Pour chacun, individuellement. Pour la société dans sa globalité. Pour l'humanité toute entière. Parce que vous, vouloir que personne ne souffre, ça ne vous semble pas un bel idéal ? Et parce que c'est un idéal, doit-on alors forcément ne pas le tenter, sous prétexte qu'il n'aboutira pas ? Je vais vous dire une chose. Je vais tout tenter pour faire sourire le monde.

Je terminerai par une chose à mon sens primordiale. Qui veut être investi de liberté en accepte alors le poids et les conséquences. Car ce qui est irrémédiablement lié à la liberté, c'est la responsabilité. Et c'est là que je rejoins à nouveau le propos de Sartre : l'homme est condamné à être libre, et ce faisant, à accepter la responsabilité qui en découle ; ne pas l'accepter, c'est être de mauvaise foi, ne pas accepter sa liberté, et, en un sens, sa condition d'être humain pleinement libre. Pourtant, voilà ce que semble vouloir la société. Une liberté sans responsabilité, sans juge pour dicter la conduite de chacun. Je suis désolé. Liberté et responsabilité sont indissociables. Acceptons-la, alors. Et arrêtons un peu de croire que la liberté d'expression, d'action, de ce que vous voulez, nous autorise tout. La liberté contient ses propres limites. La liberté est elle-même contrainte. Et se dire libre, c'est se dire responsable.

"La Liberté consiste à pouvoir faire tout ce qui ne nuit pas à autrui." (DDHC, Art. IV)
"Nul ne sera l'objet d'immixtions arbitraires dans sa vie privée, sa famille, son domicile ou sa correspondance, ni d'atteintes à son honneur et à sa réputation." (DDHC, Art XII)
"Ne fais pas à autrui ce que tu ne voudrais pas qu'on te fît. Fais à autrui ce que tu attends de lui." (maxime populaire)

2 commentaires:

  1. RAAAAH, JE L'AVAIS PLUS RETROUVE, L'ARTICLE IV POUR MON ARTICLE! J'ai les boules.

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  2. Mince :/ Bah moi je suis allé le retrouver sur Wiki en fait xD
    Enfin, on va dire qu'on se complète, hein *chevilles*

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