samedi 30 avril 2016

Par delà...

"« Par-delà le Bien et le Mal… » Cela ne veut du moins pas dire « Par-delà le Bon et le Mauvais »."
Nietzsche, La Généalogie de la Morale

Bien. Alors allons-y. Par-delà le Bon et le Mauvais.

Ce que Nietzsche disait dans cette phrase, c'est qu'il abandonnait les vieux concepts moraux de Bien et de Mal pour ceux de Bon et de Mauvais, c'est-à-dire des concepts subjectifs, qui ne renvoient plus à des universaux mais à comment effectivement chacun se sent. Lorsque quelqu'un effectue une action qui lui fait réellement du bien, c'est-à-dire qu'elle augmente sa puissance d'agir, alors on peut dire que cette action est bonne, inversement quand elle diminue la puissance d'agir, on peut dire qu'elle est mauvaise. Ainsi, on ne se départit pas du jugement que la morale nous permettait de porter, on lui ôte simplement son caractère arbitraire.

Mais justement. On ne se départit pas du jugement. Et finalement, pourquoi jugerions-nous ce que nous faisons et ce qui nous arrive ? Premièrement, ce qui nous arrive est hautement indépendant de nous-mêmes, deuxièmement, ce que nous faisons est souvent indépendant de nous-mêmes, jusqu'à ce que nous réussissions à atteindre une réelle autonomie. Et dans ce que nous faisons "inconsciemment", il n'y a que des choses que nous pourrions juger de "bonnes". Dans ce que nous choisissons de faire, eh bien, étant donné que nous sommes seuls juges de nous-mêmes, nous ne pouvons que les juger positivement.
En revanche, nous pouvons nous rendre compte que nos actions ont blessé autrui, qu'elles ont mis en péril notre situation sociale, etc., ce qui entraîne un jugement a posteriori sur des actes aux conséquences imprévisibles (à moins que vous ayez réellement cherché à faire du mal, mais à ce moment-là, je doute que ceci soit effectivement un choix indépendant et non pas une action passionnelle, mais on peut discuter). Puis, cela peut également entraîner un jugement a priori dans le but d'éviter de telles situations.
Mais eh. Faites du mieux que vous pouvez et accueillez la réaction de l'autre, vous en êtes capable. Vous n'avez pas besoin de juger vos actions, choisies ou non, simplement d'agir à nouveau ensuite, et plus besoin d'attribuer de valeur à l'inchangeable.

Nous n'avons pas réellement besoin du bon ni du mauvais, même pour garantir des liens sociaux sains et enrichissants ; en fait nos liens sociaux sont source d'émotions de bonheur plus intenses dès que nous abandonnons toute notion de jugement et que nous les remplaçons par ce que nous ressentons vraiment.

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