dimanche 1 mars 2015

"L'objectivité, ça n'existe pas."

Introduction : L'objectivité absolue, un rêve de scientifique

Pendant un temps, j'ai cru à une objectivité absolue. C'était tout à fait pratique : pour un esprit scientifique, dire qu'il n'existe pas de point de vue objectif absolu, c'est la fin de tout. Impossible, dans un tel cas, de fonder une vérité universelle, donc une loi physique quelconque. Et cela pour une simple raison : si il n'existe pas de point de vue objectif (l'expression peut avoir l'air d'un oxymore, j'en conviens), et même plus, de point de vue objectif accessible à l'humain, c'est que tous les points de vue sont subjectifs. Dans cette hypothèse, dire qu'il existe ne serait-ce qu'un point de vue subjectif qui puisse accéder à la vérité universelle semble contradictoire. En effet, le point de vue subjectif, par définition, dépend du sujet, tandis que la vérité universelle n'en dépend pas.

I. Sortie du rêve naïf

Puis on m'a asséné cette phrase : "L'objectivité, ça n'existe pas.". Je fus alors dans l'obligation de me remettre en question. Après quelques raisonnements rapides - de ceux que l'on mène lorsque l'on commence à réfléchir sur une question précise - je conclus qu'effectivement, l'objectivité devait ne pas exister. Et cela à cause de la multiplicité des points de vue humains (affirmés haut et fort comme tous uniques et indépendants) et de l'inaccessibilité d'une vérité universelle.

Je m'étends sur ce dernier point : malgré ce que disait Descartes, on peut douter de tout : c'est Gödel qui, avec son théorème d'incomplétude, affirma qu'il existe dans tout système logique au moins deux propositions contraires telles qu'on ne puisse prouver ni la véracité ni la fausseté de l'une ou de l'autre à l'intérieur de ce système logique. On est alors obligé de recourir à un élément extérieur ou d'affirmer sans raison la véracité de l'un donc la fausseté de l'autre.
Mais il n'existe apparemment pas toujours d'élément extérieur, car peut-on trouver un élément extérieur à un système logique qui engloberait et organiserait déjà tout ? D'autre part, cet élément extérieur est souvent difficile à obtenir.
Alors on choisit l'autre option : l'affirmation ou la négation d'une proposition, et ce sans fondement. La proposition affirmative ainsi créée (et pouvant affirmer la négation de l'autre) est nommée axiome. Fonctionner sans axiome semble impossible, donc la vérité universelle et absolue est inaccessible.

De plus, nous sommes nous-mêmes des points de vue subjectifs, j'ai donc pensé que nous ne pouvions nous rendre objectifs, et donc renoncer à l'objectivité.

II. L'espoir scientifique renaît de l'obscurité subjective

J'ai donc substitué à ce grand principe d'objectivité absolue celui - dont j'étais très fier - de subjectivité du point de vue de l'humanité. Comme nous sommes tous humains, pensais-je, cela règle le problème : ne cherchons que des vérités accessibles aux humains et utilisables par eux, et ce qui est universel pour nous tous, cela, nommons-le vérité universelle ; et notre point de vue à tous, nommons-le objectif.

Je reconnais volontiers la pertinence de cette dernière idée dans une certaine mesure : si on refuse de donner une objectivité quelque part, alors qu'à cela ne tienne ! Redéfinissons l'objectivité par quelque chose que nous pouvons atteindre. Et soyons constructifs, parce que construire c'est mieux vivre (j'y reviendrai dans un prochain article).

Nuançons tout de même : il est bon de généraliser une telle subjectivité à tous les êtres pensants, conscients et vivants, voire existants. Ils font partie de notre monde également, et nous vivons avec eux. Le point de vue d'une bactérie, ou même d'une pierre, compte, lui aussi, dans l'établissement d'une telle vérité universelle.

III. L'objectivité, envers et contre tout

Mais, laissant ouverte cette possibilité au cas où mon argumentation ne serait pas suffisante, je vais plutôt m'atteler à cette agaçante phrase populaire : "L'objectivité, ça n'existe pas.". Je dis "phrase populaire", parce qu'on l'entend de plus en plus dans la bouche de tout le monde, que ça devient comme un substitut à la pensée, un réflexe dit pour s'éviter de refaire le chemin déjà fait et qui a satisfait sur le moment. Notons bien que je ne critique pas ici toute la sagesse populaire (bien que celle-ci ait une tendance certaine à produire ce genre de phrases qui m'ennuient profondément), mais simplement cette phrase.

Nous avons donc précédemment pu voir que les deux raisons pour lesquelles l'objectivité n'existe pas sont :
1) La multiplicité des points de vue humains, tous uniques et indépendants, et à valeur égale
2) L'inaccessibilité d'une vérité universelle, absolue et démontrée.
Je vais donc tenter de démontrer que ces deux faits sont, pour l'un sans effet sur l'existence sur l'objectivité, pour l'autre tout simplement faux.

On ne cesse de répéter, ces temps-ci, que mon avis vaut le tien, et le sien celui de son voisin, parce que nous sommes tous égaux. Oui, nous le sommes : libres et égaux en dignité et en droits, dirait la Déclaration Universelle des Droits de l'Homme (DUDH) - je préfère dire "de l'Humain", mais passons. La confusion qui est commise ici l'est dans la nature des valeurs que nous accordons aux discours de chacun. Ce que stipule la DUDH, et que je reconnais entièrement et sans la moindre entrave, c'est que chacun a le même droit de dire ce qu'il pense (dans les limites de la loi, dans les limites, en fait, de ce que dit la DUDH), et que le discours de chacun est aussi digne que celui de n'importe quel autre, qu'il est humain et que tous doivent le reconnaître comme tel. Je dis aussi sans gêne aucune que celui-ci est toujours en adéquation avec l'être de la personne qui le dit à l'instant où elle le dit (ce qui pourrait éventuellement être une définition de la sincérité, et encore plus éventuellement, d'une sorte de vérité humaine, relative et temporaire).
Mais cela ne nous intéresse aucunement. Non pas que des considérations profondément humaines et sociales soient dénuées d'intérêt en elles-mêmes, mais plutôt qu'elles n'ont et ne doivent avoir aucun rapport avec la science.

En effet, la science repose sur un principe qui la fonde et lui permet de trouver et dire des vérités qui fonctionnent, contrairement à la superstition : le principe d'objectivité de la nature (j'y reviendrai sans doute également), qui stipule que la science refuse d'accorder aux événements une cause finale ; en d'autres termes, pour la science, les choses qui se produisent n'ont pas de but. Aucune chose n'a de but. (J'ai l'impression d'en avoir parlé des centaines de fois dans ce blog, mais je ne retrouve pas d'article qui explore en détail cette question...)
Qu'est-ce que cela veut donc dire ? Que toute règle humaine (formulée par un impératif, catégorique ou hypothétique, moral ou non, et prenant la forme "il faut que cela se passe ainsi") n'intéresse pas la science, puisqu'elle est à la fois elle-même un but et le résultat d'un but, celui d'humains. (En revanche, je reconnais que si l'émergence de la loi et des buts peut être expliquée par la causalité, ceux-ci seront intéressants pour la science.)
D'autre part, la science utilise le principe de non-contradiction. Cela fait dire à certains que, comme toutes les opinions (acception ici volontairement philosophique) ont la même valeur mais qu'elle se contredisent, alors, comme une vérité absolue doit ne pas être contradictoire, affirmer à la fois tous les points de vue vrais et l'impossibilité de la contradiction mène "scientifiquement" (on a après tout utilisé le principe de non-contradiction) à montrer l'inexistence d'un point de vue objectif valable. La confusion vient encore, ici, des valeurs.
Enfin, la science utilise le déterminisme, qui stipule que tout effet a une cause et toute cause un effet. Les lois scientifiques sont donc des règles qui décrivent les causent et prédisent leurs effets.

On voit d'ici la critique arriver avec le second point que je vais discuter. En effet, en admettant l'existence de chaînes causales, on opère une régression à l'infini, et quelle est la première cause ? Cela rejoint un peu l'argumentaire de Gödel : il y a des vérités élémentaires qu'on ne peut pas prouver.
Deux choses pour répondre à cela : Spinoza contourne (de manière certes discutable, mais c'est, je crois, la seule acceptable) l'argument de la cause première en disant que celle-ci est cause d'elle-même. Ainsi, plus besoin de cause à la cause : c'est elle-même. Le Big Bang s'est causé tout seul.
D'autre part, si on ne peut fonder aucune vérité sûre dans un système logique quelconque, c'est croire que la vérité n'est que rationnelle, ce qui est une terrible erreur. Que j'ai commise, que je ne commettrai plus jamais. Lorsqu'on se retrouve face à deux propositions contraires et que l'on doit (en vertu du principe de non contradiction) affirmer la vérité de l'un et la fausseté de l'autre, on peut faire appel à l'expérience. L'expérience montre (et c'est le seul cas où elle montre et démontre) qu'une des deux propositions axiomatiques est vraie et l'autre fausse. Prenons l'exemple sus-cité du déterminisme. C'est en réalité une proposition logique axiomatique : "Tout effet a une cause, et toute cause un effet, et toute chose qui existe est un effet (rien n'existe qui n'ait pas de cause), et un effet ne peut rétro-agir sur sa cause (c'est-à-dire la modifier, cela ne met pas en question la proposition de Spinoza)." Cette chose-là est impossible à démontrer logiquement (et quand bien même on le ferait, ce serait avec notre esprit qui lui, est peut-être biaisé parce que basé sur un déterminisme, ou au contraire, pas du tout), donc on s'appuie sur nos expériences. Et nos expériences n'ont jamais contredit cet axiome déterministe. Donc on valide l'axiome.
En fait, ce qu'il faut aussi comprendre ici, c'est qu'une vérité universelle n'est pas forcément absolue, ou absolument démontrée .

J'ai ainsi montré que la multiplicité des points de vue humains ne pose pas de problème à l'objectivité, si celle-ci se trouve dans la science, et j'ai montré qu'avec les principes de la science, l'argument de Gödel ne tient pas.

IV. Même contre le doute hyperbolique

Me voici arrivé à la délicate partie du raisonnement où je fais appel à une fonction humaine, le doute, pour remettre en cause l'objectivité absolue. S'il n'existe pas de vérité absolue ("On peut douter de tout."), il n'y a pas de point de vue absolu pour y accéder.

Je vais ici faire appel à la subjectivité étendue évoquée en partie II. Si toutes les subjectivités s'accordent pour donner une même vérité, si elles ne se contredisent pas, alors il y a une vérité universelle et un point de vue objectif absolu : celui-ci est accessible au moins partiellement par n'importe quelle subjectivité.
En première approche, on pourrait douter d'un tel hasard et d'un tel accord entre les points de vues, mais ce sont là des préjugés dont j'ai déjà traité plus haut. Il y a dans le monde des choses auxquelles nous nous heurtons. Impossible d'affirmer sans se tromper que ce que l'on voit sur la route en plein été, c'est une flaque d'eau, parce que si nous essayons d'y plonger, nous nous heurterons, concrètement cette fois, au bitume brûlant. Il en va de même pour toute vérité : elle peut être mise à l'épreuve de l'expérience, et une vérité que mon expérience a mise a l'épreuve sera une vérité pour vous aussi (c'est un axiome, mais personne ne s'est jamais heurté à rien en affirmant cela). En fait, le critère de vérité, c'est de ne se heurter à rien, et si on s'est heurté à quelque chose, c'est donc que ce qu'on avait cru vérité était une illusion, un mensonge, quelque chose d'irréel ou d'incomplet, en bref, autre chose que la vérité universelle. Pas nécessairement absolue, cela dit : une vérité qui est vérité parce qu'elle est vérifiée par l'expérience doit être vérifiée constamment pour être absolument vraie, or c'est là une chose très difficilement réalisable. Et il se pourrait donc qu'à tout moment, la vérité universelle cesse, elle est provisoire : mais qu'importe ? Elle est universelle. Et on ne peut nullement en douter.

Si elle est universelle, alors il existe bien un point de vue objectif pour l'atteindre. Et ce point de vue, quel est-il ?
Pour moi, c'est celui de la science, car seule celle-ci, grâce aux trois principes énoncés ci-dessus, sait mettre à l'épreuve la vérité. Je vous laisse comme des grands retrouver comment ils s'articulent dans la description de celle-ci : j'ai pour l'instant fait mon devoir en réhabilitant l'objectivité, et il est assez tard.

8 commentaires:

  1. Bel article, monsieur le hibou.

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  2. Ça a été un (petit) choc quand on m'a appris que non, bien décrire ce n'est pas être objectif. Pourtant, on m'en avait faites des louanges sur l'objectivité ! Alors non, la science ne pouvait pas avoir réponse à tout.
    Je ne sais pas si l'axiome est subjectif. Il est subjectif pour tellement de personnes différentes … (Oui, c'est étrange et pas très rigoureux dit comme ça, je te l'accorde). Ah mince, c'était ton point II. Désolée, je commente les longs articles au fur et à mesure --'
    En fait non, pour la suite je n'ai trop rien à redire. Bel enchaînement d'idées.
    Par contre: le discours social ne pourrait pas être objectif, parce que pas scientifique ? Que dire d'objectif par morceaux ? La Déclaration .. La DUDH (tu as raison, c'est plus pratique) ne m'apparaît ni comme scientifique, ni comme subjective. Pourtant certains ne l'acceptent pas -- ce n'est pas une vérité universelle ? Je crois que je m'éloigne de ton sujet.

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    1. Oui... Quand on comprend que le modèle est nécessairement, par définition, faux, même s'il décrit bien...

      Tu voulais dire que l'axiome subjectif est le même pour beaucoup de personnes différentes ? Si oui, je suis d'accord, et c'était effectivement dit dans la suite, mais ne t'excuse donc pas de commenter au fur et à mesure =)

      Merci !

      Ah. Le discours social. En fait, selon moi, ce qui est social est d'abord relatif à l'humain, et l'humain est d'abord subjectif (mais je peux contrer cet argument, je le ferai dans un prochain article), et il commet des erreurs (et ce qui est faux n'est évidemment pas objectif - ou peut-être suis-je en train de commettre une confusion), mais cela n'est pas grave, puisque, chacun commettant des erreurs semblables, ou acceptant cette dimension "finie" de l'humain, nous nous créons donc une société qui peut être, en de nombreux points, détachée de la réalité factuelle. Nous pouvons vivre dans nos propres illusions, en somme. Ainsi, la DUDH m'apparaît comme universalisable à tous les humains, sans pour autant être forcément objective. Et si certains la refusent, c'est qu'elle n'est pas universelle. Alors que la science, elle, recherche ce qui est forcément objectif, et impossible à refuser. Donc, distinction de nature. Je ne sais pas si je suis clair...

      En tout cas, cette idée "d'objectif par morceaux" m'intéresse beaucoup, pourrais-tu la développer s'il te plaît ? ^^

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  3. Je pensais à un discours logique de façon continue… mais par morceaux (comme les fonctions en maths. Ca aide toujours de supposer qu'elles sont continues par morceaux). Sur une partie du discours, supposons qu'il part d'une vérité, on aurait un développement scientifique -- logique (argument / exemple). Puis vient une idée subjective, une revendication, un désir humain [discontinuité !], et à partir de cette nouvelle idée, le discours redevient parfaitement logique. Jusqu'à une autre discontinuité.
    Les discours politiques ne disent pas la même chose, pourtant ils agacent par leur similitude (et les gens s'en désintéressent, ce qui est bien dommage). C'est, à mon avis, que les discontinuités ne sont pas les mêmes.
    Je ne pense pas que le meilleur discours soit celui qui présente le moins de discontinuité: il faut bien qu'il s'adapte à la société, et la société change (pas objective !). Donc l'humain, c'est bien connu, cherche à convaincre et à persuader, et la persuasion est discontinue. Pourtant, il faut bien être objectif pour convaincre le plus grand nombre !

    Comment peut-on savoir si ceux qui refusent la DUDH le font pour leur propre intérêt ou s'ils pensent réellement qu'elle est fausse ?

    Oui, la science ne s'encombre pas de ce qui est subjectif. Il n'y a pas de ressenti. Il y a l'expérience, bien sûr, mais la thermodynamique (ou la mécanique, bref) ne dégage pas de sentiments. Alors que les humains en dépendent vraiment beaucoup (ce que je ne déplore pas !)...

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    1. C'est aussi aux fonctions de maths que je pensais ! ^^ Ta vision est intéressante. Je l'adopte pour l'instant, d'ailleurs.
      Mais qu'entends-tu par "le meilleur discours" ? Pour moi, le meilleur discours est forcément le plus vrai, puisque c'est justement au niveau de ces discontinuités que se situent les "entourloupes". En partant d'un postulat faux, on arrive souvent (forcément ?) à une conclusion fausse. Or, si nous agissons selon des principes faux, nous faisons ce qui n'est pas réellement, effectivement, bon pour nous, donc nous nous faisons du mal (ou un moindre bien) en croyant nous faire du bien (ou un bien suprême).
      Malheureusement, j'ai l'impression qu'un discours convainquant ne persuade personne, et qu'un discours discontinu est, justement, plus persuasif. Donc "meilleur" en termes d'acceptation sociale, mais définitivement moins bon objectivement.
      Après, si la société change, cela ne veut pas dire qu'elle est subjective, ni même qu'elle n'est pas objective. Et un discours objectif pourra s'adapter aux changements, effectivement constatés, de la société.

      À mon avis, c'est la même chose. Ceux qui refusent la DUDH le font dans ce qui leur semble leur intérêt, et donc il la pensent réellement mauvaise (et fausse si elle affirme que ce sont là les préceptes à suivre pour être heureux). Mais si on a une connaissance vraie, on se rend compte que la DUDH est quelque chose de très bien, qui agit en tout cas dans notre intérêt bien compris, vérifié par l'examen de la raison.

      Après... On en parlait en cours de philo. Le rejet par Einstein de la notion d'éther comme référentiel universel pour les ondes était asymétrique par rapport à la mécanique galiléenne, et c'est donc poussé par une émotion, un sentiment esthétique, qu'il a proposé une nouvelle théorie de la relativité. Je suis défenseur de la théorie selon laquelle la pratique des sciences procure des sentiments esthétiques, contemplatifs, etc. Et même, de toute connaissance nouvelle, il résulte une joie. Mais il y a évidemment une différence, en ce que du sentiment naît l'idée, en science, mais elle est immédiatement rattachée à ce que l'on sait déjà ; on conserve la continuité (on pourrait même dire : on prolonge par continuité). Tandis qu'en discours humain, la continuité ne nous semble pas compter, un argument émotif, souvent vague, imprécis, a autant de valeur qu'un argument rationnel, démontré et qui suit avec logique des prémisses. C'est cela que je déplore ; que les humains aient des sentiments, je le trouve au contraire formidable.

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    2. Oui, le meilleur discours est le plus vrai - celui qui nous semble le plus vrai ? Ce que je veux dire c'est que dans ce cas (celui des discours politiques) on ne se soucie pas de la vérité universelle, mais d'une vérité relative, propre à l'époque et au pays où on se trouve. Du coup, un discours sans discontinuité serait le plus vrai sur la durée (et l'espace), mais pas le plus vrai localement. Et pas très constructif du coup, parce que quelque chose qui est toujours vrai doit avoir été revendiqué il y a longtemps (ou alors on est vraiment lents).
      C'est vrai aussi que malheureusement, les discours faux et complètement discontinus (il faut bien "noyer le poisson") sont ceux qui persuadent bien. Il suffit d'un nombre pair de discontinuités, et on peut arriver à une conclusion vraie, en partant d'un postulat vrai (!)

      Je suis d'accord.


      (Je pense que la philo est indispensable pour comprendre la physique. C'est une science, quoi ! Tellement génial de pouvoir parler de référentiel universel en philo. Bref ). Je ne sais pas si l'intuition est un sentiment… Ou si on peut toujours parler d'intuition pour la science. Mais si c'est la cas, alors je dirais que la théorie d'Einstein partait d'un intuition (qu'il fallait expliquer). (Je me perds..)

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    3. Je pense qu'il y a dans la vérité quelque chose qui échappe à notre subjectivité (puisqu'on se "heurte" au réel), aussi, c'est celui qui est "vraiment vrai" et non pas apparemment vrai, qui est, selon moi, le meilleur.

      Ah, je vois ; pour toi, un discours toujours vrai est forcément universel, et un discours local et relatif, peut être faux à échelle plus globale, c'est ça ? Et tu sembles dire que les discontinuités mènent à un discours plus vrai localement. Bon. Selon moi, une vérité locale, i.e. relative à l'époque et au temps, peut être une vérité universelle si on précise les coordonnées spatio-temporelles. C'est comme en maths, quand on dit que, "pour tout x, on a la propriété P", ça n'est jamais pour tout x tout court : c'est pour tout x dans un certain ensemble ; ici, pour toute personne dans cette société spatio-temporellement limitée, on a le dicours D. Et à mon avis, pour que D soit vrai dans son ensemble (i.e. non seulement dans ses conclusions, qui peuvent être atteintes par des arguments faux), il faut que tout s'enchaîne bien logiquement et sans erreurs (ce que nous avons nommé "continuité"). Ce que je me demande, c'est si l'important dans un discours, c'est la conclusion ou la démonstration ; je penche pour la démonstration, celle-ci impliquant directement à la fois la conclusion et sa véracité.
      Et il y a des choses universellement vraies qu'on ne connaît que depuis peu de temps ("la matière est composée de quarks", "la lumière se comporte comme une onde, comme une particule, ou comme une onde-particule selon les cas", etc.). Et mine de rien, ça a des conséquences sur notre société actuelle (le déterminisme de la science, face aux croyances portées par nos sociétés très marquées religieusement, par exemple).
      Par contre, je veux bien que tu m'expliques, pour le nombre pair de discontinuités ^^

      (Je suis d'accord avec toi : c'est vraiment génial, et utile. Les postitivistes - avec qui je ne suis pas forcément d'accord - te diront pourtant que la philo, ça fait de la métaphysique, i.e. ce qu'on ne peut pas savoir du tout, et ce qu'on ne peut pas savoir, on ne peut pas le prouver, donc on ne peut pas le chercher. Cette position me gêne et m'irrite, autant qu'elle me questionne sur la science et la métaphysique.)
      Ta remarque est tout à fait pertinente. Il m'avait semblé que l'intuition était causée par un ce qu'on nomme tantôt jugement esthétique, tantôt sentiment esthétique. Ça dépend du degré de réflexion qu'il y a derrière. Évidemment, il fallait expliquer et démontrer l'intuition ensuite, mais ce qui est frappant, c'est que cela soit quelque chose de complètement subjectif et arbitraire qui guide la sience, je trouve.
      Mais je crois que je parlais de ça pour défendre l'idée selon laquelle la science fait une place aux sentiments. Pour moi, de toute façon, présenter la science comme froide et insensible (comme c'est l'idée qui vient lorsque l'on dit "dépourvue de sentiments") est contre-productif, et de toute façon, l'envie de faire de la science, le plaisir et le désir de connaître, tout cela est une dimension émotive inséparable de la science, je crois, contrairement à ce que les croyances sur la "raison pure" semblent véhiculer comme idée...

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